La réforme des retraites: les enjeux et le mécanisme

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Dans cet entretien avec Etienne Chouard et moi-même, Bernard Friot expose l’historique de la réforme des retraites depuis 1993 et les enjeux sous-jacents.

Il introduit une nouvelle approche de l’assiette de calcul des retraites particulièrement intéressante. Son analyse est celle d’un membre du Parti communiste (de l’époque pré-bobo), ce que je ne suis pas et ne serai jamais , mais c’est bien construit et intelligent. Je vous laisse regarder et commenter!

Naturellement, la remarque de Bernard Friot sur la supposée hostilité de de Gaulle à la sécurité sociale est une ânerie doctrinaire. C’est bien le gouvernement de Gaulle qui a confié à Alexandre Parodi la charge de créer la Sécurité sociale, mission donnée à Pierre Laroque. Les communistes ne supportent pas l’idée que la Sécu puisse venir de De Gaulle, via le CNR. De Gaulle avait une vision sans doute différente de son organisation, en veillant à ce qu’elle ne tombe pas sous la coupe unique de la CGT, et la tension avec les communistes va devenir vive à partir de 1948 et la guerre froide. Il avait également une vision de l’homme basée sur la responsabilité et se méfiait à juste titre de l’assistanat promu, pour des raisons politiques évidentes, par les communistes.

 

“Après la Libération, sous l’égide du général de Gaulle, le Conseil National de la Résistance (CNR) présente un programme ambitieux de réforme conçu dans la clandestinité pendant les années noires. Il le met en place en profitant de ce que les instances patronales, quelque peu compromises dans la Collaboration, ne sont guère en état de le contester.

Le CNR s’inspire du système bismarckien et surtout du rapport de Lord Beveridge, ministre du gouvernement Churchill, qui préconise dès 1942 un système global de protection sociale appuyé sur l’État, lequel devient véritablement un «État providence».

Par l’ordonnance du 4 octobre 1945, le gouvernement provisoire met en place la Sécurité sociale. Selon les préconisations de son concepteur Pierre Laroque, celle-ci est financée par les cotisations patronales, cogérée par les instances syndicales et patronales, avec une distribution des allocations et pensions par répartition. Les cotisants sont assurés d’une pension de 40% de leur ancien revenu à partir de 65 ans.

Trois ans plus tard, le 17 janvier 1948, les professions non salariées se voient accorder à leur tour le droit de créer et gérer des caisses autonomes d’assurance vieillesse.

Ces dispositifs se développent avec succès sous les «trente Glorieuses», jusqu’au milieu des années 1970. C’est l’époque où le salariat se généralise dans les sociétés occidentales, sous la forme d’emplois stables et souvent à vie.

Dans le même temps, les progrès de l’hygiène, de la médecine et des conditions de vie prolongent l’espérance de vie de 60 à près de 80 ans. Qui plus est, du fait de la croissance économique rapide, les pensions de retraite, dont le montant global est calculé sur les cotisations du moment, rejoignent les salaires des jeunes salariés.”

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0 réponse pour “La réforme des retraites: les enjeux et le mécanisme”

  1. Vous avez parfaitement raison! J’ai souligné l’appartenance de Bernard Friot au PCF et il reste dans son discours ces morceaux de bravoure de démagogie et d’hystérie anti-gaulliste dont le PCF était coutumier, furieux de voir un homme supposé “de droite” venir lui prendre ses parts de marché.
    Le problème dans les échanges avec Friot (voir notre émission sur Politoscope) ce que comme tous les communistes ils zappent le problème de la production et de l’entrepreneur. Le production de richesses apparaît comme quelque chose de spontané et il ne peut s’agir que de la répartir.
    Quant à l’imposition du capital, il faut effectivement s’inscrire dans une logique schumpétérienne et imposer fortement le capital prédateur (le capital financier) et détaxer le capital qui s’investit dans des activités à fortes externalités positives et dans l’innovation.

  2. Ce que dit ce monsieur sur De Gaulle et la SS est faux. De Gaulle sur la sécurité sociale “Quand je l’ai créée, s’est-il souvenu, j’avais les syndicats contre moi. Fidèles à leur tactique de lutte des classes, ils refusaient ce qui était octroyé et non pas arraché. Ils craignaient en outre de perdre le monopole des assurances sociales et des mutuelles catégorielles. Le système ne devait être qu’un premier pas en faveur d’une population trop fruste économiquement pour comprendre que chacun doit cotiser contre la maladie et le chômage et pour sa retraite. Aussi ai-je d’abord obligé les patrons à assurer les inscriptions et la plus grande partie des cotisations. Puis les modalités auraient dû basculer progressivement au cours des décennies jusqu’à ce que chacun assume en totalité ses responsabilités. L’employeur couvrant de toute façon ce qui est de la sienne c’est-à-dire les assurances contre les accidents professionnels. Pour les retraites, c’est à chacun touchant la totalité de ses gains ou salaires de cotiser ce qu’il peut, quand il veut à une caisse centrale d’Etat par exemple. “Extrait de ” De Gaulle mon père “, de Philippe de Gaulle. Le monde a changé, il se modifie en permanence, ils ne s’en sont pas aperçus! De l’économie de marchés + ou – régulée au capitalisme pur et dur, le capitalisme recouvre des formes extrêmement différentes. Quant à la réforme, c’est une façon de s’adapter pour mieux résister aux environnements changeants et avancer dans un deuxième temps: Canada, Suède, Allemagne qui ont su être plus Shumpéterien que keynésienn: mais ils ont eu pour eux de “réformer” dans un moment soit de croissance, soit avec la possibilité d’utiliser la variable monétaire (dévaluation). Vouloir imposer le capital au même niveau que le travail dans la situation actuelle peut paraître “juste” mais c’est une formule qui est inéfficace et ne favorise pas la croissance. La sous capitalisation de l’économie française est flagrante, notre productivité des deux facteurs (capital + travail) est inférieur aux autres pays. Conséquence sur le taux d’emploi, conséquence sur la question des retraites

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