Qui suis-je ?

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Au sommet de l’aiguille du Tour, face à l’arête Forbes de l’Aiguille du Chardonnet

Rien n’est plus répréhensible à mes yeux que cette disposition à fuir, cette désertion si caractéristique d’une position de principe difficile dont on sait pertinemment qu’elle est juste. Cette peur de paraître trop politique et revendicatif, ce besoin d’approbation de la part d’un tenant de l’autorité; ce désir de maintenir une réputation d’objectivité et de modération dans l’espoir d’être sollicité, consulté ou de siéger dans quelque comité prestigieux, afin de se maintenir au sein du courant dominant, et de recevoir peut-être un jour un diplôme, un prix, une ambassade

‘Edward Saïd, Des intellectuels et du pouvoir.’ 

Je suis né dans une famille de hussards noirs, totalement dédiés à l’enseignement, à la science et imprégnée de culture patriotique, héritée de mes grands-parents maternels alsaciens lorrains chassés par l’annexion de 1871. Seul mon père était un petit industriel qui possédait les cycles Hurtu, dont je garde peu de souvenirs (hormis mes premiers vélos et quelques passages dans l’usine de la rue Castagnary dans le XV° arrondissement de Paris).

Mon éducation s’est faite dans les mouvements de jeunesse et d’éducation populaire où j’ai très tôt pris des responsabilités. J’y ai découvert l’alpinisme, la discipline collective, le souci du prochain, dans un ensemble de valeurs communes aux organisations ouvrières et chrétiennes qui animaient ces associations. Tout cela fut durement mis à mal par la contre-révolution nihiliste de 1968 qui allait balayer ces valeurs au profit de l’hédonisme agressif qui fait aujourd’hui loi. J’ai passé mon bac en juin 1968 et poursuivi des études d’histoire à la Sorbonne, tout en continuant à me consacrer au mouvement associatif, à l’alpinisme et aux arts martiaux. Ma maîtrise et mon CAPES d’histoire en poche, j’ai enseigné trois ans en collège, mais, si j’ai toujours aimé l’enseignement, je n’ai pas pu supporter – et encore moins aujourd’hui – “l’enseignan-gnan de gauche jamais content”. De plus j’ai besoin d’action et, malgré mon goût pour l’histoire, ne peux rester enfermé dans une bibliothèque pour faire ma thèse. Je tiens une salle d’arts martiaux et je passe mes étés au Népal où j’ai ouvert les premiers circuits commerciaux sur le Manang trek (le tour des Annapurna) dont je garde un souvenir extraordinaire.

Au Col de Thorong (5600m) avec mes sherpas et mes trekkeurs (1977)

Mais cela ne me suffit pas. Je retourne m’occuper de jeunes en difficulté à Grenoble, où je retrouve la montagne, mais entre en conflit frontal avec l’établissement de la mairie socialo-communiste, perds mon travail et suis mis à l’index. Je trouve refuge au Guatemala, où m’envoie le Ministère des affaires étrangères comme Délégué général de l’Alliance française: je m’y retrouve, peu après mon arrivée en février 1981, seul représentant d’un pays “socialiste” dans une république bananière! J’y passerai trois années passionnantes ou j’apprends définitivement à détester les gauchistes de salon et découvrirai ce qui est mon métier: l’innovation et la gestion en environnement turbulent. De là-bas, je prépare le concours d’entrée à l’ENA, et suis rapatrié en France. Je passe mon année de préfectorale dans la Drôme où je suis plongé dans la crise de la chaussure, de la raviole (que je sauve grâce à une procédure rocambolesque!) et de l’équipement automobile.

A Paris, je m’ennuie mortellement à l’ENA où je suis très mal reçu par les directeurs de l’époque, Simon Nora,

l’horrible Christian Frémont qui n’aura de cesse de m’expliquer que je ne suis qu’une sous-m…, et surtout Roger Fauroux qui aura à l’égard des élèves issus de la fonction publique avec déjà un parcours professionnel (et qui donc représentent une forme de promotion sociale) des propos absolument odieux, racistes en fait, auxquels je répondrai dans un article du Monde  “Le Crépuscule des Janissaires” où je prédisais le déclin des élites par reproduction endogamique. C’était en 1986: il s’avère aujourd’hui que mes prédictions étaient plus qu’exactes!

Je quitte la fonction publique pour entrer à la DG de SOLLAC la branche produits-plats du Groupe Usinor. D’historien, je suis devenu sidérurgiste. J’y fais mes classes auprès d’un patron formidable, Edmond Pachura, qui a redressé magnifiquement l’entreprise, ne recrutant que des profils atypiques. Peu doué pour les organigrammes, je créé en 1991, av ec l’aide de SOLLAC, ma société de conseil de direction générale, métier que j’exercerai pendant dix ans. Par successions de ventes et de rachats, je me suis retrouvé à la direction générale de Transformance, puis de Secor à Montréal. J’y ai travaillé pour des groupes passionnants, comme PSA à la recherche et aux affaires scientifiques sur de le développement des nouveaux véhicules, les groupes Auchan, COFINOGA,..  Je quitte le conseil juste avant la crise de 2000 et vends mes parts dans de bonnes conditions: cette activité était devenue inintéressante, les financiers ayant pris le pouvoir sur les entrepreneurs dans les entreprises. C’est le règne de la shareholder value que nous connaissons aujourd’hui, qui détruit l’esprit d’entreprise et l’entreprise et qui nous a menés à une crise annoncée.

Mon idée, qui s’est affirmée au cours de ces années, est aujourd’hui au coeur de ma stratégie professionnelle: comment asseoir une stratégie d’entreprise sur des bases scientifiques (et non sur du baratin de consultant) sans sombrer pour autant dans le scientisme? Dit simplement, “pourquoi les choses tombent en marche et pourquoi elles ratent?”. Au coeur de cette recherche, le rôle du bien commun comme finalité structurante des organisations et des sociétés humaines. Je retourne donc dans la fonction publique, étant entretemps devenu professeur associé à l’Université Paris-Nord. J’y reviens à mes premières amours: les politiques publiques et le management public, que je vais faire bénéficier de mon expérience industrielle. Dans la foulée, je soutiens ma thèse, ma HDR et je deviens professeur des universités par la voie professionnelle. Aujourd’hui mes recherches et mes activités portent sur le lien entre politiques publiques et innovation, management public et philosophie politique. J’ai exercé mes activités entre l’Institut de Management public d’Aix en Provence (qui fut un lieu formidable) et, jusqu’à sa fermeture en septembre 2015, mon laboratoire d’intelligence économique à Bercy. 

Archétype de ce que l’on appelle, en sociologie des organisations, un marginal sécant, je suis donc un hétérodoxe sur le plan du contenu, et un orthodoxe sur le plan du processus.

Au sommet du Mont Pourri (Vanoise), 3800m.

Au sommet du Mont Pourri (Vanoise), 3800m.

J’aime:

Les entrepreneurs, les gens courageux, les innovateurs, les gens curieux, qui prennent des risques, les gens modestes qui sont ceux qui réalisent de grandes choses, l’alpinisme, le ski de fond, la côte de boeuf (avec de la moëlle), la poularde aux morilles et au vin jaune, la tourte à la pomme de terre avec de la crème fraîche et des ceps. Et je fais un boeuf bourguignon exceptionnel!

Mes références philosophiques: Machiavel, Leo Strauss, Karl Popper, Charles de Gaulle, Hannah Arendt, …

Je déteste:

Les médiocres, les nullités qui peuplent les médias, les résignés, ceux qui crachent dans la soupe, les bien-pensants, les niais qui répètent que “la France est en retard et devrait imiter l’Allemagne”, les “humanitaires”: BHL, Christine Okrent, Alain Minc, Besancenot, José Bové, Kouchner, Cohn-Bendit,  Jacques Attali … la liste serait trop longue et surtout sans intérêt. 

Je lis:

Causeur, l’excellent mensuel fondé par Philippe Cohen et Elisabeth Lévy: on échappe aux journalistes de cour et aux poncifs de la non-pensée dominante, c’est pluraliste, le site web est très bien fait. Egalement Front populaire où j’y rédige des articles. Pour le reste, je dévore les ouvrages scientifiques de ma discipline: histoire économique, la gestion de la technologie et de l’innovation, politiques publiques… et des tonnes d’articles académiques austères…

Les livres qui m’ont le plus marqué:

La lecture de Leo Strauss ‘Droit naturel et histoire‘ m’a fait rentrer dans l’étude de la philosophie politique par la question du relativisme et du bien commun. Une lecture exigeante et passionnante qui remonte aux sources de la dérive de la modernité vers le nihilisme. Ce livre est le plus accessible de Leo Strauss qui a une conception exigeante du philosophe politique qui doit se tenir en dehors des jeux politiques temporels, ce qui le distingue de sa compagne d’émigration Hannah Arendt avec laquelle il ne s’entendait pas, bien que leur message philosophique soit assez convergent. Leo Strauss est victime d’attaques ridicules de la part de la gauche qui ne supporte la moindre critique de son relativisme obsessionnel: je lui consacre un site

L’homme révolté d’Albert Camus, m’a permis de me désintoxiquer du marxisme dans lequel j’ai baigné durant mes premières années universitaires. J’ai compris pourquoi le radicalisme du discours menait à la tyrannie et ce qu’il en était de la “philosophie de l’histoire” qui permet à certain d’en tirer des “lois” auxquelles il n’y aurait d’autre choix de s’adapter ou d’être éliminé pour s’opposer au “sens de l’histoire”. Ce fut le cas du communisme, c’est le cas avec l’Union européenne aujourd’hui. Quitter la quête du monde parfait et passer par l’expérience du nihilisme pour découvrir la vie, telle est la leçon de Camus.

C’est Gregory Bateson qui m’a vraiment fait comprendre comment fonctionne le monde, m’a ouvert l’esprit à l’interdisciplinairité et a été à la base de mes recherches-actions en innovation et en résolution de problème. Bateson m’a fait entrer dans le monde de l’épistémologie et le souci de veiller à la rigueur de ce que l’on avance. Son livre essentiel, ‘La nature et la pensée‘ est une porte ouverte vers toutes les disciplines scientifiques. C’est un livre que l’on ne cesse de relire et d’approfondir. Pourquoi l’univers est-il indéterminé et pourquoi pouvons nous agir? Comment articuler les disciplines “molles” (la psychiatrie…) et les disciplines dures (la cybernétique..)? Qu’est-ce que le changement, bon et mauvais changement…. Plonger dans ce livre est une plongée dans l’aventure de l’intelligence humaine.

 

Ce que je peux faire pour vous

Mon métier, mes prestations: recherche, conférences, formations Je suis aujourd’hui professeur – désormais honoraire – des universités, après avoir été 13 ans professeur à l’IMPGT d’Aix en Provence. J’ai exercé auparavant plusieurs métiers: haut fonctionnaire,Lire >>
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