Regards croisés sur l’histoire du néo-libéralisme

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par Jean Magnan de Bornier , le 19 juin

Moteur d’une mondialisation jugée tantôt vertueuse, tantôt responsable de la montée des inégalités entre nations, voire de la crise et des politiques de rigueur, le néolibéralisme est pourtant mal connu. Deux ouvrages récents permettent de mieux cerner son histoire dans les soixante dernières années.

Recensés :

 Daniel Stedman Jones, Masters of the Universe. Hayek, Friedman, and the birth of neoliberal politics. Princeton University Press, 2012, 424 p.

 Angus Burgin, The Great Persuasion. Reinventing Free Markets since the Depression. Harvard University Press, 2012, 320 p.

L’année 2012 a vu la publication aux États-Unis de deux livres aux ambitions proches, puisqu’il s’agit dans les deux cas de retracer l’histoire du néo-libéralisme à partir de 1938, autour des figures incontournables de Friedrich Hayek et Milton Friedman.

Le titre comme le sous-titre de l’ouvrage de Daniel Stedman Jones (Masters of the Universe. Hayek, Friedman, and the birth of neoliberal politics) suggèrent que l’accent sera porté vers les applications en politique, alors que le sous-titre choisi par Angus Burgin (Reinventing Free Markets since the Depression) indique qu’il se concentre sur les idées elles-mêmes. Ces impressions initiales sont largement confirmées à la lecture des deux textes qui ont en effet adopté des points de vue différents, quoique en aucune manière opposés. Tandis que Daniel Stedman Jones s’applique à retracer les chemins complexes que les idées néo-libérales ont empruntés pour trouver à s’exprimer dans des programmes et des actions politiques, Burgin en reste quant à lui essentiellement à la conception initiale des idées économiques. Les deux livres ne sont donc pas des concurrents directs puisque leurs finalités ne se recoupent pas totalement. Ils comportent néanmoins une très large part de préoccupations communes, et présentent tous deux des analyses de certains événements ou courants essentiels comme la Société du Mont-Pèlerin, créée par Friedrich Hayek et l’école de Chicago, symbolisée par Milton Friedman.

Le livre de Stedman Jones ne considère les événements des années 1930 que comme une ébauche de ce qui commencera vraiment dans l’immédiat après-guerre. Il prive ainsi le lecteur d’une analyse détaillée des bases que le colloque Lippmann — organisé à Paris en 1938 — a posées, tant en termes d’idées qu’en termes de personnes, pour le décollage proprement dit du mouvement néo-libéral après la guerre [1]. Burgin de son côté entame sa narration avec la Grande dépression, et montre de manière éclairante comment quelques groupes d’économistes orthodoxes (Robbins et Hayek à la London School of Economics, Knight et Viner puis Simons à Chicago, Mises à Genève) ont réagi à la crise et aux nouvelles politiques qu’elle a suscitées, sous l’influence entre autres de Keynes, et comment le besoin s’est imposé pour eux de participer à un renouveau des idées libérales.

Lire la suite Regards croisés sur l’histoire du néo-libéralisme – La Vie des idées.

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