La mode est à la ville intelligente, nouveau paradis censé s’épanouir grâce aux technologies numériques, qui risque de devenir un enfer totalitaire sous l’empire des marchands de technologies.
La spéculation foncière et la hausse des coûts du foncier exclut progressivement la puissance publique de la gestion de la ville avec la généralisation des business improvement district (BID) développé en Angleterre à l’époque des grandes privatisation et qui se généralise aujourd’hui dans toutes les villes d’Europe. Cela se traduit par une privatisation de l’espace public qui devient un alibi pour l’activité commerciale et une régression démocratique, qui n’hésite pas à s’habiller de mots-valises comme le “développement durable” et d’un blabla écolo et pseudo-citoyen dont la ville de Paris depuis qu’elle est dirigée par la gauche libérale libertaire est devenue une experte de référence, laissant le centre ville aux riches pouvant nourrir le monde du business, le peuple étant rejeté à la périphérie.
Ce documentaire de Arte, remarquable, fait le point sur ces stratégies:
Ces dernières années, partout en Europe, des milliers d’habitants sont descendus dans la rue pour remettre en cause la représentation politique, mais aussi défendre le droit à l’espace urbain. L’hyperurbanisation à coup de bulldozer et les expropriations massives imposées par les autorités publiques stambouliotes expliquent en partie la révolte de la place Taksim. Plus près de nous, l’installation d’un Ikea dans le centre-ville de Hambourg ou la construction d’un gigantesque centre commercial, portée par Auchan pour le projet du Grand Paris, arrangent les pouvoirs publics, qui n’ont plus les moyens d’investir dans l’espace urbain. Ces exemples charrient leur lot d’interrogations sur l’état de la démocratie urbaine aujourd’hui : comment la ville se transforme-t-elle et quelle place y occupent les citoyens ? Les habitants ont-ils leur mot à dire face aux technocrates, politiques, urbanistes et promoteurs qui façonnent les métropoles ? Les pouvoirs publics sont-ils toujours garants d’une ville ouverte et accessible ? Contre-pouvoir De Berlin à Copenhague en passant par Londres ou Toulouse, un voyage émaillé de rencontres avec des experts (la chercheuse Anna Minton, les architectes-urbanistes Jan Gehl et Frédéric Bonnet, le philosophe Thierry Paquot…). Ils décryptent les rapports de force à l’œuvre et s’interrogent sur la constitution de contre-pouvoirs.
Source : Mainmise sur les villes,
Mainmise sur les villes par ARTEplus7
La conception de villes intelligentes peut ouvrir la voie à de scénarios similaires de villes soumises aux industriels du numériques dont je souligne les risques de dérives totalitaires dans cette présentation au Congrès des smart cities le 2 septembre 2015.
Je souligne que la ville et sa conception sont un enjeu politique qui doit être une opportunité de renouveau de la démocratie, qui ne peut être que directe et participative, fondée sur la recherche du bien commun et soutenue par des outils d’ingénierie des systèmes complexes ouverts à cette délibération.
Le reportage de Arte présente des exemples, je présente celui de Christchurch en Nouvelle-Zélande. Je renvoie par ailleurs à tous mes articles sur les smart cities.
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