Quand Krugman accable (encore) l’euro
Ils soulignent que les pays de la zone euro n’ont pas seulement renoncé à conduire leur propre politique monétaire, mais aussi à leur stabilité financière. Ils font un parallèle avec la situation de l’entre-deux-guerres, quand la Grande-Bretagne avait rejoint l’étalon or avec une livre surévaluée, conduisant à une politique déflationniste. Ils rappellent que cette parité avait provoqué une bulle spéculative. Enfin, ils évoquent le risque que font peser les taux de change fixes et la liberté de circulation des capitaux sur la démocratie, faisant un parallèle avec le chemin de l’Allemagne vers le nazisme.
Stilglitz s’éloigne (lui aussi) du libre-échange
Si Paul Krugman et Joseph Stiglitz ont souvent défendu des politiques alternatives en matière de finance ou de taxation, en revanche, à l’origine, ils tenaient un discours très favorable au libre-échange et opposé au protectionnisme. Mais avec le temps, leur position a changé. Paul Krugman a évolué, comme je le soulignais dans ce papier en 2009, où il affirmait que l’abaissement des coûts de transports pouvait aboutir à des délocalisations importantes, au détriment des pays du Nord et il soutenait une « préférence nationale » dans le cadre des plans de relance consécutifs à la crise.
Déjà, dans son dernier livre, Joseph Stiglitz prenait la même direction, soulignant la destruction de millions d’emplois dans l’industrie et la baisse des salaires du fait de la montée en puissance économique de la Chine. Pour lui, le bilan global des échanges commerciaux des Etats-Unis est négatif d’un point de vue emplois. Il notait également que la suppression des frontières favorise le capital au détriment du travail, qui est mis en concurrence à l’échelle planétaire. Il notait également que « la mondialisation circonscrit la démocratie à travers la compétition », comme Emmanuel Todd.
Dans un papier pour le projet Syndicate, il revient sur le développement des négociations commerciales transatlantiques et trans-pacifique. S’il semble plutôt défendre le libre-échange, il dénonce le rôle des lobbys qui profitent de ces négociations pour obtenir des avantages, comme l’a fait l’industrie pharmaceutique, il défend les exceptions, et notamment l’exception culturelle de la France, en faisant valoir que les accords tendent à promouvoir le moins-disant sur le mieux-disant, notamment d’un point de vue normatif. Bref, encore une fois, il met de l’eau dans son vin libre-échangiste.