Désinformation sur l’euro

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Nouvelle campagne de désinformation sur le démontage de l’euro

Les incantations de Nicolas Baverez

Il développe un scénario cataclysmique de dévaluations compétitives en chaine, d’implosion des bilans bancaires et de contrôle des changes. Le franc serait dévalué de 20 à 30%, la dette passerait à plus de 120% du PIB, interdisant à notre pays l’accès aux marchés et mettrait les banques et les assurances en faillite. Le pouvoir d’achat serait amputé immédiatement de 20 à 25%. A terme, une baisse de 20% du PIB, un millions d’emplois de moins et un pays à la merci des marchés financiers. C’est le scénario ING, qui a perdu en force en se réalisant en Grèce par le maintien dans l’euro.
Comme d’habitude, les partisans de la monnaie unique ont recours à la peur. D’abord, on note l’incohérence crasse qu’il y a à parler d’une dévaluation de 20 à 30% et d’une baisse du pouvoir d’achat de 20 à 25%. Vu que la France importe un peu plus de 20% de son PIB, une telle dévaluation produirait au pire 4 à 5 points d’inflation en plus, et sans doute moins car certains de nos partenaires commerciaux dévalueraient plus (Italie, Espagne) et les importateurs passeraient une partie de la dévaluation dans les prix (il suffit de voir les prix de vente mondiaux des produits Apple pour s’en convaincre).
Ensuite, la dette serait convertie au démontage. Au pire, plus de 80% de la dette est de droit français (et donc dénominée en monnaie nationale), ce qui assure qu’elle resterait stable. Enfin, des pays plus endettés, comme le Japon, parviennent à se financer sans problème,en utilisant leur banque centrale. Enfin, les 20% de baisse du PIB, c’est ce qui est arrivé à la Grèce pour essayer de rester dans l’euro, et la crise de la zone euro nous a déjà coûté près d’un million d’emplois. Enfin, il est très révélateur que Nicolas Baverez n’évoque aucun des précédents historiques, qui infirment ses écrits.

Quand Le Monde « passe au crible » le programme du FN

Mais le quotidien vespéral n’est guère moins ridicule quand il dit passer au crible le programme du parti de la famille Le Pen. Au lieu d’analyses précises d’experts incontestables, nous avons droit à la bouillie du café du commerce néolibéral. On ne voit pas en quoi Nicolas Gravel démonte l’argumentation du FN sur la réduction des flux migratoires. S’il souligne, comme je l’avais fait, que la France est bien moins ouverte que les pays voisins, son argumentation consiste à dire que « l’immigration est en augmentation sur la période. Comment pourrait-il en aller autrement dans le contexte de la mondialisation ? ». Un peu court étant donné que même l’OCDE conclut que l’immigration a un coût, certes modéré, en France.
Jean-Marc Daniel condamne le soutien au pouvoir d’achat en brandissant le risque d’inflation, des déficits extérieurs et le déplacement de l’équilibre épargne / consommation vers la consommation. Dommage pour lui que la période récente, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, ait démontré que la baisse du pouvoir d’achat produisait justement ce déséquilibre qu’il dénonce, avec une envolée des crédits des ménages pour compenser la baisse de leur pouvoir d’achat et des déficits extérieurs grandissants. Et l’Espagne n’a pas eu besoin de soutien des salaires pour aboutir au même résultat.
Enfin, Charles Wiplosz s’attaque à la sortie de l’euro. Dans une bouillie d’arguments assez indigente, dont le principal argument est le passéisme de la proposition, qu’il ne serait pas possible de revenir en arrière, du risque inflationniste qui détruirait l’épargne des moins riches (à croire que par miracle, les plus riches y réchapperaient). Là encore, l’économiste fait mine d’ignorer l’avis de 9 « prix Nobel d’économie », de tous horizons, critiques à l’égard de l’euro et tous les travaux réalisés sur les nombreuses dissolutions d’unions monétaires du 20èmesiècle, qui contredisent de telles prévisions.
Le débat sur l’euro est transformé en guerre de religion par ses partisans qui n’ont pas le moindre argument solide à opposer à ses détracteurs, si ce n’est une peur irrationnelle de sa fin. Mais à Berlin comme à Rome ou Madrid, les peuples se défient de plus en plus de leur veau d’or. Son destin est déjà écrit.
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