Restructurer en profondeur le système monétaire et financier
Il propose une stricte séparation (juridique et capitalistique) des banques en trois entités : dépôt, crédit et investissement, suivant les propositions du 100% monnaie. Il propose également d’interdire les opérations spéculatives pour compte-propre, de manière à ce que le crédit ne serve pas à financer la spéculation ainsi que les activités de carry trade (l’emprunt dans un pays pour placer dans un autre, pour bénéficier des écarts de taux). Et, dans une logique proche de la charte de la Havane, il envisage même que les excédents de balance des paiements des uns soient cédés à ceux qui sont en déficit, de manière à éviter de créer des masses de monnaies en recherche de placement.
Pour lui, il faut conditionner le refinancement des banques auprès de la banque centrale à la limitation stricte de la titrisation. Il propose également d’imposer aux banques de conserver une part importante des prêts qu’elles accordent tout en y ajoutant une décote pour tout prêt cédé pour transformer le prêt en « bien d’occasion ». Il propose de renforcer les obligations de liquidités. Enfin, il propose de limiter la part du financement inter-bancaire dans les bilans des banques. Il souligne le rôle du gel du marché interbancaire, dont les volumes ont été divisés par 10 pendant la crise, pour rappeler que le financement par les banques centrales revient à une « étatisation de fait du système de crédit ».
Dette, crédit et renouveau industriel
Pour régler le problème de la dette, il imagine trois solutions : une conversion de la dette à long terme en dette à durée indéterminée (qui existe en Grande-Bretagne), la monétisation d’une fraction des dépenses (il évoque 2 à 3% du PIB, le même chiffre que celui avancé par André-Jacques Holbecq, moitié moins que ce que fait la Grande-Bretagne) et le freinage de certaines dépenses insupportables (il vise particulièrement les collectivités locales, qui ont créé 600 000 emplois de 1998 à 2009). Il souhaite également que les bons du Trésor puissent « être émis directement auprès du public d’épargnants ».
Jean-Luc Gréau envisage un nouveau système de crédit pour compenser le tarissement des prêts issus des anciennes banques du fait des nouvelles règles. Il imagine des organismes de crédit sectoriels, avec le soutien public de l’Etat, voir des régions. Pour lui, cela relève d’une logique de « trustification », une stratégie qui consiste « à s’assurer la sécurité de leurs approvisionnements en amont de leur filière d’appartenance ». Dans une logique très fordiste et progressiste, il souligne que la rémunération du travail devrait être indexée sur la productivité.
Il plaide aussi pour « une nouvelle politique industrielle », s’appuyant sur les sondages de l’association de Philippe Murer démontrant que les peuples européens sont favorables au protectionnisme. Etant donné le manque de capitaux des industriels, il propose de s’appuyer sur le Fonds Stratégique d’Investissement, financé par la Caisse des Dépôts, les collectivités territoriales mais aussi des fonds d’investissement privés, et enfin une reconfiguration de l’actionnariat, qui donnerait les droits de vote aux actionnaires engagés pour plusieurs années et non aux spéculateurs à court terme.
Source : Jean-Luc Gréau, [amazon_link id=”2070449637″ target=”_blank” ]« La Grande Récession (depuis 2005) [/amazon_link]», Folio actuel (poche)
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