Quand la science sert de prétexte pour ne pas soigner

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L’écrivain et journaliste – indépendant celui-là – Pierre Le Vigan écrit un article synthétique qui résume toute l’opposition entre ceux qui soutiennent le professeur Raoult et le clan des “scientifiques” qui le vouent aux gémonies sur la base d’une faute impardonable: ne pas sacrifier un “groupe témoin” à l’établissement d’une “vérité scientifique”. J’ai montré dans les précédents papiers en quoi la démarche de l’EBM était inapproprée face à une épidémie et que la méthode des “scientifiques” n’était qu’une pseudo-science qui servait d’alibi à des intérêts financiers. Pierre le Vigan résume cela en termes simples et justes.

CR

Par Pierre Le Vigan

Le 9 avril, le Président Macron a rendu visite au professeur Didier Raoult, de l’IHU de Marseille, cet institut qui soigne les patients malades du Covid-19 avec de l’hydroxychloroquine et un antibiotique, qui tous deux valent trois francs six sous. La méthode du professeur Raoult est critiquée par les milieux proches du Comité scientifique mis en place par M. Macron. Que reproche-t-on au Pr Raoult ? Pas ses résultats : sur 1.000 patients, il a un décès à déplorer, et des guérisons pour les autres. Pas totales, pas toujours sans séquelles. Mais les équipes de Raoult n’ont jamais dit qu’ils faisaient des miracles.

La méthode Raoult, expérimentée par le maire de Nice et par bien d’autres personnalités qui, face à la maladie, vont directement à ce qui soigne, reçoit un large soutien de l’opinion publique. Une pétition appelant à « écouter le professeur Raoult » a déjà recueilli plus de 200.000 signatures. D’où la visite du Président Macron, dont il n’est rien sorti.

Une autoproclamée « communauté scientifique » prétend que les résultats du professeur Raoult n’ont pas de « validité scientifique ». Les méthodes « randomisées », c’est-à-dire aléatoires et en double aveugle (ni le patient ni le soignant ne savent s’il y a vrai médicament ou placebo) ne seraient pas utilisées. C’est exact. Faut-il sacrifier des malades pour que la théorie soit appliquée parfaitement ? La question est là : doit-on être au service de la science ou au service des malades ? Raoult a choisi la deuxième option. Le chercheur au service du soignant – et non le malade au service du chercheur.

Que reproche-t-on au Pr Raoult ? Christine Rouzioux, professeur retraitée de virologie, évoque, sur BFM TV, le 9 avril, à l’occasion de la visite de M. Macron à l’IHU de Marseille, le risque de légitimer, par cette visite, la « théorie » du Pr Raoult. Le « message envoyé par le Président Macron » [par cette visite] est donc, dit-elle, « un message délétère pour la communauté scientifique ». Selon Mme Rouzioux, la communauté scientifique « a l’habitude de travailler avec une certaine méthodologie ». On comprend que le problème est que cette « communauté » serait indisposée par le non-usage de cette méthodologie.

Mais que se serait-il passé si les scientifiques avaient toujours gardé la même méthodologie depuis 200 ans ? Les équipes du Pr Raoult, et tous les spécialistes qui le soutiennent, comme le Pr Christian Perrone, ne revendiquent pourtant pas une « théorie » mais des résultats concrets : des malades guéris. Du point de vue de certains, qui s’autoproclament porte-parole de la « communauté scientifique », le souci n’est pas de soigner, il est de « rassurer » la communauté scientifique. Est scientifique tout ce qui renforce la légitimité de la communauté scientifique. C’est pourquoi le débat en question doit être sorti de ses aspects techniques (tests en double aveugle ou pas, etc.).

Le débat oppose, non pas un professeur isolé mais, d’un côté, nombre de médecins, privés de leur liberté de prescription, qui savent qu’un médicament n’est pas anodin (sauf à être un faux médicament), et, d’un autre côté, des prescripteurs non médecins, par exemple des énarques dirigeants d’agences régionales de santé et agences régionales d’hospitalisation, et certains chercheurs, qui préfèrent « chercher » – aux frais de l’État – plutôt que de savoir qu’il y a déjà une solution, en outre peu onéreuse. Ce débat a, évidemment, des enjeux financiers énormes : la possibilité de grands profits privés avec une demande solvabilisée par la Sécurité sociale. La légitimité de la médecine, c’est qu’elle sauve des vies et diminue des souffrances. Elle doit être servie par la science, mais pas subordonnée à l’esprit de géométrie, quand ce n’est pas l’esprit de lucre, de scientifiques aussi tonitruants que peu représentatifs.

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