Les propos de Pierre de Villiers sont dignes d’un chef d’Etat. Eric Zemmour a été bien dur avec lui en se moquant de son gout pour “l’équilibre” y voyant une résurgence d’un grand méchant mou genre Guy Mollet. (Le voit-il comme un rival et aurait-il des ambitions présidentielles?) Le général souligne l’intérêt du livre L’Archipel français de Jérôme Fourquet, qui analyse, chiffres à l’appui, la division du pays en îlots qui ne communiquent plus: le bloc élitaire, très soudé, qui possède tous les médias écrits et audio-visuels. Il partage la même idéologie: mondialisation, européisme, culte des technologies numériques qui nous annonceraient un nouveau paradis sur terre…
Composé de cadres, de hauts fonctionnaires, de journalistes et des apparatchiks syndicaux, il a des ressources financières importantes et possède les médias. Il peut se permettre d’offrir l’illusion d’un choix pluraliste entre “progressistes” macroniens, entre “socialistes” et amuser l’opinion avec l’écologisme. Mais tous auront la même politique dictée par la Commission européenne. En tout état de cause, ils feront bloc autour d’un candidat unique comme en 2017. Ils continuent à promouvoir, avec une épouvante feinte, la candidature de Marine le Pen, le repoussoir idéal.
Le bloc populaire est profondément divisé: il y a le peuple des classes moyennes qui vit de son travail et qui a constitué le socle historique des Gilets jaunes avant que le gouvernement réussisse à pourrir ce mouvement en le faisant noyauter par l’extrême-gauche et ses bandes armées. Il y a le peuple qui a perdu sa conscience de peuple, c’est la France des prénoms de feuilletons télévisés américains qu’analyse Jérôme Fourquet, celle des Kévin et des Sofiane, qui vit d’aides sociales et est décérébrée par les émissions de télépoubelles à la Cyril Hanouna. Et enfin, le bloc immigré et islamisé que courtise la gauche ou ce qu’il en reste, et qui a son propre agenda.
Même si le bloc populaire est majoritaire, sa division ne pourra être surmontée par des programmes et des candidats qui, faut d’être capables de se focaliser sur l’essentiel, se perdront dans des détails que plus personne n’écoutera et auxquels n’accordera de crédit.
Le langage que tient le Général de Villiers est celui qu’il faut tenir: avant tout unir le peuple, et un peuple s’unit en lui donnant foi dans son avenir et son identité. Cette rupture avec le processus de déclin dans lequel le pays est engagé ne peut se faire qu’en sortant par le haut, “c’est par là que c’est le moins encombré” disait de Gaulle. On verra à l’usage si le discours de Pierre de Villiers n’est qu’une illusion gentillette ou s’il s’agit de vraies paroles de chef, de leader dont la France a besoin pour la sortir de l’ornière. Mais la moindre des choses est de lui porter intérêt.
CR
LE FIGARO .- Votre livre s’intitule, «l’équilibre est un courage». Est-ce qu’aujourd’hui le courage est vraiment l’équilibre ou alors au contraire le fait d’essayer de renverser la table?
PIERRE DE VILLIERS .- Aujourd’hui le problème principal dans notre pays – qui est en crise multiple et multiforme, sanitaire, économique, financière, sociale, crise de l’autorité – c’est d’essayer de recréer la réconciliation nécessaire et l’unité nationale sur les valeurs qui ont toujours fondé la France et le creuset national. Il y a urgence et il va falloir du courage pour rétablir une forme d’équilibre. Là est tout le fil rouge du livre entre la fermeté et l’humanité, entre les droits et les devoirs, entre ceux qui dirigent et ceux qui exécutent. Finalement je dirais qu’être courageux aujourd’hui c’est arriver à trouver cet équilibre. Je m’appuie sur une phrase de Camus prononcé à Athènes en 1955, que j’ai redécouverte et que je trouve magnifique: «Aujourd’hui, on dit: “c’est un homme équilibré”, avec une nuance de dédain. En fait l’équilibre est un effort et un courage de tous les instants. La société qui aura ce courage est la vraie société de l’avenir.».
Votre livre commence par cette scène où la crise des «gilets jaunes» fracture une même famille divisée entre un père manifestant et un fils CRS. Comment en est-on arrivé là?
C’est un long glissement depuis les années 70. Couche par couche, petit à petit, on a abandonné à la fois le nécessaire amour des autres, et l’indispensable organisation de la cité, l’ordre. Les deux créent cet équilibre. C’est pourquoi, on se retrouve dans cette situation où un père désespéré va manifester comme gilet jaune et où le fils du côté du maintien de l’ordre se trouve opposé à son père.
Cette scène a été le déclencheur de ma réflexion sur cette réconciliation. Il faut bien comprendre que quelqu’un qui rentre dans l’armée est une personne à qui l’on apprend d’emblée la cohésion, la fraternité, et pas du tout la division. Dès le premier jour, il sait qu’il ne vaut rien sans les autres. L’armée accueille toute la nation. Elle est l’armée de la République ; elle prend tous les jeunes: des surdiplômés, des sans diplômes, des paumés, des gens qui ont eu la chance d’être éduqués dans des familles, et en fait des sections de combat, des bateaux, des avions, des cohésions. Au bout de quelques mois, si c’est nécessaire, elle les emmène jusqu’au sacrifice suprême pour la France, pour les valeurs, pour la paix, pour quelque chose qui les dépasse. Quand j’ai vu cette scène, je me suis dit: c’est le moment de dire «Halte au feu!». Quant à l’intérieur d’une famille il y a une fracture qui va jusqu’à l’engagement de l’affrontement physique, moi qui ai connu l’engagement charnel au combat, je me suis dit qu’«on ne pouvait pas continuer comme cela».
Vous faites le constat que la France est divisée en trois catégories, quelles sont-elles?
Durant ma carrière militaire, j’avais déjà eu le sentiment dans les recrutements territoriaux que la France était une mosaïque. La France est un pays génial parce que l’on peut être vendéen, alsacien, lorrain et en même temps se sentir pleinement français. Ce qui s’est passé depuis ces dernières années de manière accélérée avec tous les événements que l’on vient de vivre – les gilets jaunes, la crise sociale, les fractures identitaires – c’est qu’il y a une accentuation de ce phénomène. Le livre l’archipel français pour moi marque un tournant parce qu’il explique de manière objective et quasi-scientifique ces glissements. Il ne faudrait pas que les divisions aillent vers la sécession.
C’est ainsi que la vie n’est pas identique quand on est dans une grande ville, dans un territoire rural, ou encore quand on est dans une cité. J’ai eu la chance depuis trois ans d’avoir sillonné la France par mes activités avec les entreprises, les séances de dédicaces, les conférences aux jeunes. Sur le terrain, j’ai quand même le sentiment qu’il y a trois types de vies différentes. Par exemple, à Paris on peut se passer de voiture alors qu’à la campagne – quand je suis en Vendée – je me rends compte que sans voiture il est impossible d’aller acheter une baguette de pain. Quand vous garez votre voiture au cœur de Paris si vous n’avez pas mis de pièce au bout d’une demi-heure vous êtes déjà taxé et si vous n’avez pas payé on vous enlève rapidement votre voiture. Vous allez dans les cités il y a des carcasses de voitures brûlées et personne ne s’en soucie. Ce sont parfois des zones de non droit. Il est urgent d’essayer de fédérer, de regrouper, ces différents territoires, ces trois Frances. La tâche est d’autant plus rude qu’elle s’inscrit dans un paysage européen et mondial en déséquilibre.
Depuis les deux grandes fractures stratégiques – à savoir la chute du mur de Berlin en 89, et l’apparition du terrorisme de masse en 2001 – le monde dit multilatéral n’a pas retrouvé son équilibre. Les stabilisateurs automatiques des organisations internationales ne remplissent plus leur rôle aujourd’hui. Il y a aussi un déséquilibre technologique: on est dans des ruptures absolument incroyables: le numérique, l’intelligence artificielle, la robotisation, l’informatique quantique… À partir de ce constat, j’essaie de tracer trois grandes pistes: la première est de réconcilier la France avec sa jeunesse, la deuxième de réconcilier la nation avec l’État, et la troisième de réconcilier l’homme avec lui-même dans le contexte de ces grands changements.
Y a-t-il également une fracture entre les élites et le peuple?
Oui, bien sûr! Ce fossé s’est creusé entre nos élites et nos concitoyens, qu’ils soient dans les villes, dans les campagnes, ou dans les cités. Ce fossé, il faut évidemment le combler le plus rapidement possible. J’en ai déjà parlé dans mon livre Qu’est-ce qu’un chef? Nous vivons une crise de l’autorité. Entraîner des gens avec soi nécessite une vision, une vision dans le temps et une vision dans l’espace. Aujourd’hui on est dans la platitude temporelle et dans la platitude de l’espace. On gère les affaires courantes. Le rétablissement du fil de confiance entre ceux qui décident et ceux qui exécutent est la priorité. C’est vrai dans les entreprises, dans les associations, dans le sport, dans notre société, dans les services publics. Ça commence par là.
Après si on prolonge la réflexion, il y a bien sûr les dirigeants, mais il y a aussi l’État et la nation. L’État n’est pas la finalité dans l’organisation d’une démocratie. L’État organise les affaires de la cité, au service de la nation. Celle-ci est une communauté d’hommes et de femmes qui vivent sur un territoire, la patrie. Cette dernière est l’héritage qui nous est légué que l’on fait vivre et que l’on transmet. C’est cela le schéma normal. Parfois la nation, nos concitoyens, ont l’impression d’être le codicille tandis que l’État serait la priorité.
Les élites ont-elles cessé de croire à la nation?
Formulons un constat et soulignons une lueur d’espoir. Le constat, c’est que c’est un vrai sujet. Il y a un certain nombre de gens au sommet de l’État qui croient davantage au nouveau monde, à la mondialisation heureuse, au tout technologique qui apporterait le bonheur, au seul intérêt financier, à leur propre rationalité. Je crois que la majorité des Françaises et des Français reste attachée à la France, à la nation. Regardez l’incendie de Notre Dame: il a suscité un élan collectif, rappelé un sentiment d’appartenance.
Ce sentiment national mérite d’être retrouvé, mérite d’être répété parce que les Français l’attendent. Une des raisons d’ailleurs de la popularité des armées c’est qu’elles incarnent cette forme d’intelligence collective au service de valeurs, cet héritage de la nation. Je me suis engagé corps et âme pendant 43 années au service de la France et la lueur d’espoir, c’est que je constate que par rapport aux années 70, quand j’ai été à Saint-Cyr, ce sentiment national a plutôt progressé ces dernières années. Cette fierté française mérite d’être cultivée. Elle sera le moteur de la réconciliation.
Quel regard portez-vous sur la gestion de la crise du Covid?
J’étais en 2009 à Matignon au moment de la grippe H1N1. Je sais ce qu’est une crise pandémique ; j’en connais la complexité. Néanmoins, je veux faire deux remarques de fond sans rentrer dans le mécanisme de détail. Nous n’avons pas eu de stratégie, de vision, et nous avons couru derrière le virus sans jamais être dans l’anticipation.
La deuxième remarque est que notre société était déjà dans un virage de déshumanisation accélérée pour des facteurs objectifs ; qu’ils soient technologiques ou sociétaux: l’individualisme, une perte de sens collectif. Quand viendra le temps de la sortie de la pandémie, il nous faudra regagner le terrain de cette part d’inhumanité qu’aura forcément accéléré une société un temps masquée.
Je suis préoccupé, car j’essaie d’avoir un coup d’avance, par le monde post Covid. Est-ce que l’on va retrouver cette capacité des liens humains ; est-ce que notre société ne va pas basculer dans une espèce d’individualisme à grande échelle, devenant une société du télétravail avec une perte d’appartenance? Quand va-t-on quitter cette forme d’incurie administrative qui déshumanise et décourage?
Certains grands groupes ont pris la décision stratégique, définitive, de mettre leur personnel en télétravail à 70% pour 30% de présentiel. Cela m’inquiète beaucoup parce que, même si l’on réussit par la capacité technique, par l’organisation, par les processus, par les gains de productivité, la rationalisation, il n’est de richesse que d’hommes et la performance économique dépend d’abord de la performance humaine.
La performance d’un pays dépend d’abord de sa cohésion, de sa fraternité, et de sa capacité à se rencontrer. C’est tout mon message. Et pourtant pendant le confinement on s’est regroupé autour de ses proches, de sa famille, de son village, de sa ville, de son pays. Nous devrions nous appuyer sur ce sens de l’appartenance à quelque chose qui nous dépasse, quelque chose de plus grand. Passé la crise sanitaire, une fois que l’on aura réussi à trouver un vaccin – parce que finalement c’est la seule solution semble-t-il pour sortir de cette crise – je forme le vœu que nous reprenions les fondamentaux d’une vie en société.
Parlons des banlieues, sujet abordé dans un chapitre de votre livre. Vous jugez que c’est une question de désespoir et notamment une question de désespoir économique. La question de l’appartenance n’est-elle pas pourtant centrale?
Le chômage de masse et l’argent facile des trafics sont un cocktail explosif à coup sûr mortifère pour l’avenir et le référentiel de nos jeunes dans nos quartiers. J’ai décidé de transmettre ce que j’ai appris pendant mes années au service des armées dans deux directions: l’entreprise, grande et petite, et la jeunesse, toute la jeunesse. Parce que cette jeunesse j’ai vécu avec elle pendant plus de quarante ans. Je pense bien la connaître et j’ai eu l’honneur de la commander. D’ailleurs, une partie de cette jeunesse provenait de ces milieux défavorisés, de ces cités, et de ces banlieues. Je suis allé à plusieurs reprises dans les cités. J’étais il y a quelques jours aux Mureaux une partie de la journée à la rencontre de ces jeunes. Je pense qu’il manque deux choses et c’est pour ça qu’il faut l’équilibre. Il manque l’autorité, l’ordre, la fermeté, et il manque simultanément l’humanité, le respect, la considération, l’amour. L’un ne va pas sans l’autre. Essayez de rétablir l’ordre sans amour et sans considération, ça ne marchera pas. Mais la considération uniquement sans ordre ne fonctionnera pas non plus. Moi je suis un homme d’ordre, d’autorité, au bon sens du terme, ce qui veut dire que je ne comprends pas que l’on ne soit pas ferme et je ne comprends pas qu’on ne les aime pas plus. Si les jeunes des banlieues ont le sentiment d’être considérés, respectés, que les règles sont claires, et que l’on donne le cadre, alors cela fonctionnera peut-être mieux.
Mais s’il n’y a pas de cadre et que l’on laisse parfois, en fermant les yeux, la situation perdurer, alors cela dégénérera de plus en plus et c’est ce qui se passe depuis trente ans. J’ai voulu écrire sur les cités car ce sujet me semble essentiel. Je pense très franchement qu’il ne sert à rien de changer la loi, il faut commencer par l’appliquer! La sécurité et la justice sont intimement liées évidemment. C’est ce que me disent les forces de l’ordre que je rencontre. C’est aussi ce que me disent les jeunes que je vois. Appliquons la loi avec des peines qui correspondent aux délits et ensuite exécutons les peines effectivement. L’objet d’une punition est de dissuader les gens de recommencer. Aujourd’hui, la justice n’est pas dissuasive. Il y a un chiffre sur lequel tout le monde s’accorde semble-t-il aujourd’hui: 50% des délits sont commis par 5% des délinquants. On les connaît. Alors que fait-on?
Êtes-vous favorable à une intervention de l’armée dans les cités?
Ce n’est pas du tout le rôle de l’armée aujourd’hui dans une situation de paix. La constitution est d’ailleurs bien faite sur ce plan. Je vous rappelle que l’armée n’intervient sur le sol national que dans l’état de siège même si l’armée est présente dans des conditions très encadrées dans le cadre de l’opération «Sentinelle» depuis les attentats de 2015. Je crois que c’est aux forces de sécurité, gendarmerie et police, de remplir la mission pour laquelle ils sont faits … mais c’est aussi une question de volonté politique. Il y a un moment où il faut que la loi soit respectée partout. L’une des raisons du malaise actuel, de l’absence de confiance et de la désespérance de nos concitoyens est le décalage entre les déclarations et les actes. Ce que je dis souvent: il faut penser en homme d’action et agir en homme de pensée.
Pourquoi ce manque de volonté?
Parce que «l’équilibre est un courage» et cet équilibre entre fermeté et humanité nécessite beaucoup de courage. La fermeté veut dire qu’il faut assumer les conséquences d’une reprise du terrain perdu et l’humanité signifie qu’il faut changer notre politique de considération, de respect vis-à-vis de ces populations, parce que le seul discours ne suffit pas.
Finalement on voit qu’il y a trois France qui ne se parlent pas, quel est le point commun que vous voyez entre ces trois France et quelle serait la manière de les réconcilier?
Les valeurs d’autorité et d’humanité sont les clés de la réponse. L’autorité passe par la politique régalienne qui doit redevenir la principale mission de l’État. L’État régalien a été affaibli ces dernières années au profit des dépenses sociales. Mais il ne peut y avoir de véritable politique sociale sans un État régalien fort qui protège. Par ailleurs, si l’on prend les jeunes, dans les trois Frances, ils partagent une même soif d’engagement, d’autorité, de cœur.
Vous abordez assez peu la question de l’immigration…
Le sujet des migrations est un problème mondial. Il va être un des éléments les plus dimensionnant de l’avenir du monde dans les vingt prochaines années. Depuis Michel Rocard et le «on ne peut pas accueillir toute la misère du monde», les Français s’inquiètent et parfois désespèrent. Il faut arrêter de se cacher derrière son petit doigt ; l’Afrique va compter 2 milliards d’habitants en 2050, alors qu’ils sont 1,2 milliard aujourd’hui. Au Niger, il y a 7 enfants par femme. Mon homologue nigérien, quand j’étais chef d’état-major – nous étions à Saint-Cyr ensemble ; je le connais depuis 45 ans et nous sommes toujours en contact -, me le disait, «on est un des pays les plus pauvres du monde, il y a le terrorisme, notre pays est rongé par les conflits ethniques, il fait 45 degrés quasiment toute l’année dans le désert. Le réchauffement climatique fait qu’il y a de moins en moins d’eau ce qui génère des déplacements de population et donc des conflits. Dans ces conditions, les gens partiront, ils traverseront la Méditerranée.»
Cela va être un problème majeur. C’est déjà le cas depuis de nombreuses années, on le sait. Il faut arrêter ces flux incessants de migrants que l’on n’est pas capable d’accueillir. Vous êtes probablement allés comme moi Porte de la Chapelle. Est-ce que ces centaines de migrants abandonnés constituent une situation humainement acceptable? Est-ce que l’on peut continuer comme ça? Et quels moyens avons-nous pour en faire ensuite des citoyens français? La réponse est que nous n’avons plus les moyens d’accueillir. Il faut donc contrôler, voire arrêter les entrées sur notre territoire.
Nous avons besoin de l’Europe pour régler ce sujet. Mais l’on ne peut pas faire comme si on laissait ouvert à tous notre nation. Celle-ci ne pourra pas intégrer dignement toutes ces personnes, avec l’humanité souhaitable. Il faut être beaucoup plus sévère avec ceux qui sont en situation irrégulière. Trop souvent les décisions d’expulsion ne sont pas suivies d’effet. Or dans l’armée, j’ai appris une chose: quand on donne un ordre, il est exécuté. C’est la base de l’autorité, de la discipline.
La question de la France ne peut être séparée de la question européenne. Quelle est votre vision de l’Europe, croyez-vous à la souveraineté européenne que défend Emmanuel Macron?
Je crois en une Europe des Nations. Je ne crois pas à une armée européenne fusionnée. Une souveraineté correspond à une nation et à un peuple. Une armée correspond à une nation, à un territoire, et à un peuple. Les soldats français se sont engagés pour la France. Ils n’iront pas mourir pour l’Europe. Un soldat français n’est pas un soldat allemand, et cela ne changera jamais. Je crois en une coopération européenne à géométrie variable, sur des projets ciblés, pragmatiques. Il faut donc accélérer la construction de cette Europe des nations. Il y a urgence car l’Histoire n’attend pas.
Votre livre est un manifeste politique. Quelles sont vos ambitions?
Je fais tout cela pour transmettre tout ce que j’ai appris pendant mes années militaires. Je suis guidé par la passion et l’amour de la France. Mon moteur quand je me suis lancé dans l’écriture de ce livre n’était pas les élections de 2022. Mais d’être utile pour mon pays. Je vais maintenant au travers de mes entretiens, de mes déplacements et de mes activités avec la jeunesse, les associations, les entreprises partager cette voie de la réconciliation. Mais pas la réconciliation par la faiblesse, ou par la souplesse d’échine, mais la réconciliation par l’exigence et l’humanité. Voilà ma nouvelle façon de servir.
Pensez-vous à 2022?
Je suis navré de voir que finalement les élections de 2022 ne sont vues qu’à l’aune du vide actuel. Je suis là pour contribuer aux débats et faire passer des idées. Face au délitement actuel, l’urgence est de réfléchir et de construire des projets pour la France.