Juan Branco: un crépuscule sans aurore

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J’ai lu avec grand intérêt le livre dont personne ne devait parler et dont tout le monde parle, Crépuscule, de Juan Branco. C’est un livre à lire car ce jeune homme, appelé, compte tenu de ses origines et de son parcours, à prendre place parmi les oligarques, a choisi de tout balancer sur le système corrompu jusqu’à la moelle qui a porté l’enfant roi Macron au pouvoir. C’est précis, factuel, direct et documenté, bien que le style soit parfois lourd de trop de fioritures, qu’il faille s’y rependre pour comprendre certaines phrases, chercher où sont verbes et compléments.

Bien que je n’ai pas les même origines que Juan Branco – je suis un pur roturier qui n’a pas suivi sa voie royale programmée depuis qu’il était enfant – j’ai eu l’occasion d’entrer dans l’oligarchie. Je retrouve dans ces descriptions le regard qui vous scanne, les questions innocentes mêlées à des remarques discrètes sur l’avenir brillant qui vous attend, si…, ces conversations où l’on vous dit que ce qu’on vous dit ne peut être compris que par des individus qui savent où est leur place.  Je me rappelle les tics de mes interlocuteurs quand j’émettais une pensée trop personnelle qui ne rentrait pas dans le cadre, ces petits non-dits qui font que vous n’êtes plus invité à une réunion. Je retrouve surtout l’exceptionnelle médiocrité morale et intellectuelle de ces serviteurs du pouvoir que j’ai côtoyés tant dans l’entreprise que dans l’administration.

Un livre utile et juste qui justifie son titre: la France est en effet entre dans son crépuscule, grand pays de culture et de traditions s’enfonce dans un cauchemar de république bananière sans banane.

Mais Juan Branco ne fait pas qu’écrire: il parle. Beaucoup. Le système médiatique lui déroule le tapis rouge pour mieux lui tendre des chausse-trappes, et d’autant plus facile que, bien que jeune, il n’est pas un perdreau de l’année ayant déjà une carrière dans le système.  Ses interventions orales vous noient de mots, il s’écoute à en être agaçant. Ce n’est pas, pour moi, une personne qui inspire confiance avec qui j’ai envie de faire un bout de chemin. Il retombera toujours sur ses pattes et un rebellocrate de salon lui offrira toujours un petit matelas bien garni. Procès d’intention peut-être, mais le scénario sent le déjà vu. Après le crépuscule on attendrait l’aurore: on en est loin et la nuit va être longue!

Mais le plus étonnant est la platitude de ses propos politiques, lui qui entend être l’inspirateur des Gilets jaunes. Il se pose en rebelle mais reprend à son compte toutes les poupées gonflables et les vaches sacrées de l’oligarchie quand il fait de la “défense des minorités” le coeur de son action, sans voir que le programme d’apartheid de l’oligarchie vise à décomposer le peuple en mosaïque de minorités. Il apporte son soutien au comité Adama Traoré, une pure opération d’intox autour de la mort naturelle d’un voyou lors de son arrestation, sans oublier la cause des migrants chère aux théoriciens du nomadisme généralisé et de la série habituelle et sans fins des machinphobies qui sont le pain quotidien des rebellocrates et de la gauche tiers-mondaine.

Bref c’est du Manon Aubry en plus léger encore, cette pseudo France insoumise qui devait faire la révolution et qui jure maintenant fidélité à l’Union européenne et propose de reconstruire l’union de la gauche!

Un bon journaliste ne fait pas un bon leader politique. Tirer des conclusions politiques programmatiques d’une bonne enquête est une autre paire de manche.

A l’instar d’une autre jeune femme brillante lancée en politique trop jeune et harcelée par le système médiatique qui est partie un an en Afrique pour prendre du recul, qui est revenue en changeant son nom pour se débarrasser de son encombrant patronyme, on peut suggérer à Juan Branco de se retirer six mois dans un monastère ou de parcourir l’Amérique latine à vélo pour s’oxygéner les neurones et approfondir sa pensée. Ces deux jeunes gens feraient d’ailleurs un fort beau couple qui nous changerait de Schiappa et Castaner.

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