Par Laurent Pinsolle
La libéralisation est toujours présentée comme un moyen d’améliorer un service public qui serait forcément inefficace et trop coûteux. Le problème est que la libéralisation conduit presque systématiquement à une explosion des coûts qui démontre a contrario qu’il s’agit d’une erreur.
Une hausse des tarifs injustifiée
Le contrôle d’EDF par l’Etat poussait encore récemment le gouvernement à modérer les hausses de tarif, mais les règles européennes, acceptées par l’UMP comme le PS, ont fini par avoir raison de la mission de service public de notre ancien monopole, qui devrait augmenter ses tarifs de 5% en 2013, 2014 et 2015 ! Une hausse pour le moins paradoxale sachant qu’EDF a réalisé près de 40 milliards de chiffre d’affaires au premier semestre et 2,9 milliards de bénéfice net. En outre, si l’entreprise a des besoins pour investir, elle pourrait également revendre certaines de ses participations…
Certes, Henri Proglio avance 55 milliards d’investissements pour le parc nucléaire français d’ici à 2025, mais cela est plus que couvert par les bénéfices de l’entreprise au rythme actuel de près de 6 milliards par an (sachant qu’en plus, EDF n’a pas arrêté d’investir entre temps). Bref, la demande d’une hausse annuelle de 5% des tarifs par an est totalement ubuesque. Et le fait qu’un gouvernement « socialiste » l’ait accordée démontre à nouveau que le PS n’est socialiste que de nom, que ce parti ne comprend plus rien à la notion de service public et a oublié les principes du CNR.
La déconstruction d’un service public
En fait, ce à quoi nous assistons, et que font PS comme UMP, c’est la déconstruction de notre service public de l’énergie. Comme le rapporte les Echos, la facture énergétique des Français grimpe en flèche. De 2660 euros et 7% de la consommation totale en 2009, elle est passée à 3200 euros et 8,1% de la consommation totale en 2012. Certes, la hausse du prix du pétrole joue largement dans cette hausse, mais celles à venir pour l’électricité promettent une poursuite de l’augmentation à l’avenir. Pire, comme le souligne même le Figaro, tout ceci va aller principalement dans les profits…
Aujourd’hui, nous bénéficions encore d’un des tarifs de l’électricité les plus bas de l’Europe occidentale, à 0,145 euro le Kwh (après l’Islande et la Grèce), contre 0,206 dans la zone euro et 0,268 en Allemagne, près du double de la France, comme le rapporte le Monde dans un papier très intéressant. Malheureusement, comme trop souvent, l’uniformisation européenne se fera au détriment des citoyens, qui devront payer plus chers pour leur énergie, au grand profit de groupes privés dont les profits n’auront rien à voir avec ceux des anciens services publics, sans que le service rendu soit meilleur.
Comme le montre le marché de l’electricité, la libéralisation est un marché de dupes. Comme pour les services publics que devraient être la santé, l’éducation, les autoroutes, le rail ou la Poste, elle n’est qu’un moyen de créer des rentes privées qui n’est pas sans rappeler les trusts d’il y a un siècle.
Source: Energie : le coût de la libéralisation.