Raclée démocratique pour le plan de la troïka : merci aux Grecs et à Alexis Tsipras #OXI
Les urnes ont parlé, sans ambiguité, malgré le traitement médiatique et la pression des créanciers. Avec un score d’environ 60% pour le « non », les Grecs ont repris leur destin en mains, comme Syriza l’avait promis en janvier. La troïka devra faire des concessions ou Athènes quittera l’euro.
Belle leçon de démocratie
Jacques Sapir avait bien raison de garder espoir en Alexis Tsipras, dont le choix très gaullien de remettre le destin de son pays et le sien dans les mains du peuple Grec est couronné par un immense succès. Le score de 60% démontre qu’une large majorité de la population refuse les diktats de la troïka qui n’ont menés qu’à une austérité inhumaine et contre-productive. Malgré la volonté de rester dans la monnaie unique et l’UE, les Grecs ont choisi de dire « non » à leurs créanciers, avec toutes les conséquences que cela peut comporter. Ce faisant, ils montrent que le refus de cette austérité monstrueuse passe avant tout le reste, prolongeant le choix fait en janvier, sauf qu’ici, Alexis Tsipras y gagne une majorité.
Mieux, outre la réponse à la question posée par le Premier Ministre, ce référendum a de nombreuses autres conséquences. D’abord, c’est un exemple qui montre à tous les peuples européens qu’il est possible de demander leur avis sur des questions importantes et qu’ils peuvent y dire « non ». Les eurobéats devront s’y soumettre ou assumer leur caractère totatlitaire. Et en remettant son destin dans la main des citoyens, Alexis Tsipras a sans doute gagné une reconnaissance éternelle des Grecs. L’exemple d’hier pèsera lourd demain car il sera très difficile de revenir sur le droit du peuple Grec à disposer de son destin. La tâche du refus d’organiser un référendum fin 2011 est désormais en partie lavée.
Sortie de l’euro ou rafistolage temporaire ?
Le « non » franc et massif des Grecs au plan de la troïka offre désormais deux issues à la crise des cinq dernières années. Soit les créanciers acceptent de tenir compte du résultat du référendum et revoient très significativement les conditions proposées au gouvernement d’Alexis Tsipras, en prenant notamment en compte sa demande d’une restructuration de la dette du pays, dont tout le monde sait aujourd’hui qu’elle n’est pas soutenable dans les conditions actuelles. Le Premier Ministre semble ouvert à un accord, mais si et seulement si ses interlocuteurs font de véritables concessions. Toute la question est de savoir si les créanciers de la Grèce sont prêts à faire de véritables concessions.
Et ceci est tout sauf évident, dans certains pays, où il faudrait également faire accepter ces concessions par une majorité des élus. Et si cela n’est pas possible, la Grèce poursuivra le chemin qui va la mener vers la sortie de la zone euro, après le défaut du 30 juin, que ce soit par l’introduction d’une nouvelle monnaie et encore la reprise de contrôle de la banque centrale. La seule question qui se poserait alors est de savoir si Alexis Tsipras prendra directement l’initiative de la quitter, ou s’il en prendra le chemin en attendant que la zone euro éjecte la Grèce. De toutes les façons, même en cas d’accord qui prolongerait l’appartenance d’Athènes à la zone euro, ce ne serait que temporaire.
En tout cas, merci à Alexis Tsipras et aux Grecs d’avoir donné un si bel exemple. Ainsi, ils ont radicalement changé les rapports de force dans la négociation avec la troïka. Désormais, la balle est dans son camp. Si elle n’écoute pas les urnes, le démontage de la monnaie unique commencera vite.
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