Oxfam dénonce l’explosion des inégalités outre-Manche

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Oxfam a publié une enquête qui a fait grand bruit en Grande-Bretagne. Le fait que les 5 familles les plus riches soient aussi fortunées que les 12 millions les moins argentés réunis a capté l’attention, comme l’envolée des inégalités des dernières années, que l’on retrouve ailleurs, notamment aux Etats-Unis.

Un retour au moyen-âge ?

L’étude a attiré l’attention de François Lenglet, qui a consacré sa chronique économique quotidienne d’hier sur RTL à la question. Il en a repris tous les éléments principaux, soulignant, outre le fait que la richesse des 5 familles les plus argentées de Grande-Bretagne est du même niveau que celle, cumulée, des 12 millions de personnes les moins riches du royaume. Il a rappelé que depuis 20 ans, les revenus de 90% de la population ont progressé de 27%, mais que ceux des 0,1% les plus riches, ont doublé, soit un rythme quatre fois plus élevé que celui de la grande majorité des citoyens !

Dans le détail, donné par Atlantico, les 5 fameuses familles ont une richesse cumulée de plus de 28 milliards de livres, soit plus de 5 milliards par famille, quand les 12 millions de moins riches ont un peu moins de 2400 livres. L’association a affirmé que« la Grande Bretagne est en train de devenir une nation profondément divisée, avec une riche élite qui voit ses revenus d’envoler tandis que des millions de familles luttent pour joindre les deux bouts. Ce n’est pas un signe de réussite économique, mais un échec. Loin d’être inévitable, c’est le résultat de choix politiques qui peuvent être modifiés ».

Un problème global

Il ne faut pas croire que la situation britannique soit particulièrement exceptionnelle. Il y a quelques mois, j’avais fait un papier basé sur les chiffres d’Emmanuel Saez pour les Etats-Unis, qui montrent que 95% des hausses de revenus depuis 2009 sont allés à 1% de la population et que la hausse moyenne de 6,1% sur tois ans cache une baisse de 1,6% pour 90% de la population et une hausse de 31,4% pour le 1% le plus riche ! François Lenglet a d’ailleurs élargi sa chronique en évoquant le fait que le salaire moyen a baissé aux Etats-Unis depuis 40 ans et que la situation se dégrade en France. C’était aussi le thème central du dernier livre de Joseph Stiglitz, « Le prix des inégalités ».

Atlantico rappelle les chiffres de l’Observatoire des inégalités, qui a montré que de 2001 à 2011, le niveau de vie des 10% les plus pauvres a progressé de 0,9% en France, contre 16,4% pour les 10% les plus riches. L’écart de revenus est passé dans le même temps de 6,2 à 7,2, un chiffre qui reste inférieur à celui des pays anglo-saxons… Oxfam a proposé plusieurs solutions auxquelles je souscris largement : un renforcement de la lutte contre la désertion fiscale, la mise en place d’une taxe sur les transactions financières, une fiscalité plus progressive et une hausse du salaire minimum.

Il n’est pas possible de construire une société durable quand les profits de cette société sont distribués de manière aussi inégale. Et s’il est effarant que les néolibéraux refusent de le voir, il est encore plus stupéfiant que la « gauche » eurolibérale ait totalement abandonné toute réflexion sur le sujet.
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