Mensonge et propagande

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Ce gouvernement est en train de battre tous les records de grossiereté et d’inculture par la pratique de déformation et de récupération des événements historiques. Cela avait été inauguré par le candidat Macron qui avait récupéré l’anniversaire du massacre d’Oradour-sur-Glane, annonçant que ça allait recommencer si sa rivale était élue. La commémoration du 6 juin est une nouvelle insulte contre l’histoire en ce qu’elle efface purement et simplement le rôle des Russes, ce qui permet également de passer sous silence la collaboration d’Ukrainiens avec les troupes nazies et au programmme d’extermination des juifs, dont les héritiers ont été mis au pouvoir à Kiev par les Occidentaux. Il n’y manquait la désormais habituelle bourde odieuse de la ministricule de service. Laissons la parole à Jacques Sapir pour en faire l’analyse.

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UNE BOURDE ET UNE IGNOMINIE DE LA SECRETAIRE D’ETAT AUX ARMEES

Madame Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’Etat aux Armée vient de dire une immense bêtise, hélas bien dans l’air du temps. Ce qui est aujourd’hui particulièrement grave est qu’elle soit secrétaire d’Etat, autrement dit ministre de la République. Avec cette déclaration, elle vient de se couvrir de honte et de déshonneur.

En affirmant, sur les ondes de France Culture, radio du service public qui plus est, que c’est le « multilatéralisme » qui a eu raison du nazisme, elle commet en une phrase deux erreurs : la première de transposer dans l’histoire un terme récent, ce que l’on appelle l’anachronisme, et la seconde de confondre une alliance avec le « multilatéralisme ». Ajoutons à cela le fait que cette bourde, car il n’y a pas d’autres noms pour cela, a été prononcée dans une émission commémorant le débarquement allié du 6 juin 1944 et l’on aura un tableau complet de l’inculture et de la bêtise de Madame la secrétaire d’Etat.

Reprenons alors les choses dans l’ordre.

On ne peut parler de multilatéralisme pour la seconde guerre mondiale, car ce terme décrit une réalité – contestable ou non – des années 1980 et suivantes. Le multilatéralisme, c’est la création, par le biais d’accords et de traités, de cadres permettant aux acteurs étatiques et privés de passer des accords ensembles (dans le domaine commercial) en se soumettant à des règles supranationales. Cela n’a rien à voir, donc, avec une alliance de temps de guerre qui implique des accords ponctuels ou étendus, mais toujours bien délimités dans le temps, entre des Etats souverain. Madame Darrieussecq confond les concepts et les registres, montrant qu’une secrétaire d’Etat aux Armées n’a visiblement pas la compréhension de ce que signifie une situation de guerre.

Le multilatéralisme n’est tout simplement pas concevable à cette époque. Non seulement dans les structures internationales et les institutions, y compris celles qui émergeront après 1945, mais aussi dans la tête des dirigeants. Madame Darrieussecq fait donc de fait ici de l’anachronisme.

Si cela est grave, car après tout nous avons, hélas, pris l’habitude que nos dirigeants soient ridicules, quand ils ne sont pas odieux ou ne sont des escrocs, c’est parce que nous avons un nouvel exemple de l’instrumentalisation d’un événement passé à des fins de basse politique politicienne. On comprend ici que Madame Darrieussecq est en réalité quelqu’un qui défend le multilatéralisme (c’est son droit), c’est à dire aussi le droit pour le Canada d’exporter vers notre pays des produits prohibés par nos législations par le biais du CETA. Car le CETA, et les traités de libre-échange de nouvelle génération, ces traités qui sont imposés sans référendum, sont bien l’expression la plus pure du multilatéralisme. Donc, Madame Darieussecq est en train de chercher à justifier un accord qui risque d’amener des produits toxiques dans l’assiette des français au nom du sacrifice des troupes alliées dans leur lutte contre le nazisme. Pour un détournement, c’en est un. Il montre à quelles bassesses ce gouvernement est donc prêt à s’abaisser. Madame Darieussecq mérite donc de laisser son nom dans l’histoire, mais ce sera sur un mur de la honte et du déshonneur.

Il y a un troisième élément qui entre en jeu. Madame Darieussecq fait sa honteuse déclaration au moment où l’on commémore le 75ème anniversaire du débarquement en Normandie. Or, à ces commémorations, les Russes, héritiers des soviétiques en droit international, n’ont pas été conviés.

Alors rappelons quelques vérités historiques qui vont à rebours du matraquage des films hollywoodiens. Le débarquement ne fut pas une opération américaine, même si un général américain était le chef suprême des forces alliées. Le débarquement était sous le commandement d’un amiral britannique et les troupes du Commonwealth numériquement plus importantes que celle des Etats-Unis. Le débarquement n’a été possible que parce que l’armée allemande avait été usée par trois ans de guerre contre les forces soviétiques, avait subi des défaites historiques (Stalingrad, Koursk), et parce que le front avec les soviétiques retenait entre 70% (de juin 1941 à septembre 1943), puis 50% des troupes de l’Axe.

Qualitativement, l’importance du front avec les soviétiques était même plus importante car ce front pompait les meilleures unités de l’armée allemande. De fait, les troupes du débarquement, et de la campagne de Normandie (campagne sanglante tant pour les soldats que pour les civils français), n’ont affronté que 15% à 20% des forces allemandes. L’offensive « Bagration » lancée le 23 juin par les forces soviétiques est une sorte de « Barbarossa » inversée. Elle pose les bases de l’offensive dite « Vistule-Oder » de janvier 1945, qui vit l’écrasement final de l’Allemagne nazie.

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