La guerre de la désinformation

Partager cet article:
Print Friendly, PDF & Email

Loading

En temps de guerre, la désinformation est une arme. Le massacre sous faux drapeau en fait partie. A mes débuts, quand j’étais en poste au Guatemala pendant la guerre civile qui fut atroce, j’ai été chargé – officieusement – de suivre les mouvements de guérilla indigènes qui se battaient à la fois contre l’armée qui les massacrait et les guérilleros qui voulaient leur imposer leur credo marxiste qui allait contre leurs valeurs et leur culture ancestrale. Un coup classique monté par le pouvoir, un vrai pouvoir d’extrême-droite (la vraie, pas celle que les bobos agitent pour effrayer les petits enfants) qui organisait des massacres d’indiens sous faux drapeau. Il s’agissaient d’éviter à tout prix un lien entre les mouvements indiens (majoritaires dans la population rurale) et la guérilla des “ladinos”, urbains blancs et marxisés. On envoyait donc de temps en temps des commandos d’escadrons de la mort habillés en guérilleros massacrer un village, et on publiait moult photos et reportages après pour détacher les indiens de la guerrilla blanche.

Il n’y avait bien évidemment aucune enquête. Tout au plus, la Croix Rouge pouvait passer plusieurs semaines après sur les lieus du massacre et relever quelques étrangetés qui mettaient en cause la version officielle… mais cela, les agences de presse nord-américaines n’en parlaient pas.

Dans l’affaire ukrainienne et les massacres imputés aux Russes, soit ceux-ci sont totalement idiots, leur armée est en déliquescence et abandonnée à des bandes de sauvages incontrôlés. C’est toujours possible, mais peu probable car l’armée russe a été réorganisée et reprise en main. Soit…

Je donne la parole à l’avocat Régis de Castelnau qui nous fait part de sa réaction:

“Lorsque j’ai visionné pour la première fois dimanche la fameuse vidéo des rues de la ville ukrainienne de Bucha où gisaient un certain nombre de corps j’ai été complètement horrifié. Je l’ai immédiatement transmise à un ami spécialiste des questions militaires qui m’a tout de suite fait quelques remarques, sur la position et l’état des corps, l’absence de traces de sang et quelques invraisemblances que je ne vais pas détailler ici. J’ai exprimé sur Twitter non pas une mise en doute de l’existence d’un massacre, mais la nécessité d’une véritable enquête pour établir la vérité. Que n’avais-je fait ! J’ai immédiatement pris une shitstorm géante pour avoir osé blasphémer.

Et j’ai assisté ensuite au déferlement médiatique où la presse système faisait une nouvelle fois la démonstration qu’elle n’est pas là pour informer mais pour défendre une cause, si nécessaire par le mensonge. J’ai même été contacté par quelqu’un se présentant comme « journaliste au Monde » souhaitant discuter avec moi. L’oxymore m’a sauté aux yeux, puisque chacun sait qu’il n’y a plus depuis un bon moment de journaliste au Monde, seulement des militants. Je n’ai évidemment pas donné suite.
Je ne vais pas discuter les différents arguments que l’on entend de part et d’autre, je suis incapable en l’état de savoir ce qui s’est passé. Et de trancher entre les deux thèses qui s’affrontent : un massacre commis par une unité en retraite comme cela arrive dans un peu près toutes les guerres, ou un montage de propagande comme cela arrive également dans toutes les guerres et dont les Américains se sont fait une spécialité depuis 30 ans. Et pour être clair si ce sont les troupes russes qui ont commis des horreurs, je les condamnerais avec véhémence.
Je vais simplement faire deux remarques :
• tout d’abord l’étrange position du Pentagone américain rapportée par l’agence Reuters. « Le Pentagone ne peut pas confirmer de manière indépendante les atrocités commises à Bucha en Ukraine ». Le Pentagone est probablement un des lieux les mieux informés du monde, que signifie cette prise de distance ? Même pas atténuée par la phrase suivante « Nous voyons les mêmes images que vous. Nous n’avons aucune raison de réfuter les affirmations ukrainiennes sur ces atrocités – clairement, profondément, profondément troublantes ». Cette réserve serait-elle due au fait que les Américains craignent qu’éclate un jour une vérité dérangeante et ne souhaiteraient pas y être mêlés ?

• Ensuite l’expression compréhensible d’une émotion fait quand même apparaître chez les médias et les intervenants, ceux qui prétendent informer, un parti pris assez détestable. Il circule beaucoup de vidéos, faciles d’accès, des crimes de guerre commis par les troupes ukrainiennes. Je renvoie à l’une d’elle particulièrement écœurante d’exécutions de prisonniers. Qui permet d’ailleurs de comprendre un des problèmes des images de Bucha sur l’absence de taches de sang. »

Ce qui est le plus scandaleux c’est la rapidité avec laquelle les médias occidentaux avalisent la thèse de M. Zelenski. Cela mériterait a minima une commission d’enquête internationale pour établir les faits. On pourrait pourtant prendre un peu de recul avec les injonctions de M. Zelenski, qui a été fraichement accueilli par le Parlement israélien pour sa comparaison entre l’action des Russes et Oradour. Il est utile d’écouter le témoignage d’Eric Dénécé, un grand professionnel du renseignement avec qui j’ai eu l’honneur de travailler, sur le personnage Zélenski:
L’hypothèse d’un massacre commis par des éléments en retraite incontrôlés de l’armée russe n’est pas à écarter. Mais un massacre sous faux drapeau commis par les “ukronazis” non plus, car, oui, ils existent, même s’ils ne sont pas aussi nombreux que Vladimir Poutine le dit.
Alors pourquoi pas d’enquête? Il y en eu sur les actes génocidaires de l’armée américaine au Vietnam. Mais là tout est permis parce que ce sont les Russes, et c’est la haine de l’Occident contre la Russie qui doit primer sur la réalité. On doit voir ce que l’on croit et non croire ce que l’on voit. Hubert Védrine, notre dernier grand et vrai diplomate, le disait “On n’accepte pas que la Russie ne soit pas une sociale-démocratie scandinave comme les autres“. L’Occident ne pardonne pas à la Russie de vouloir rester Russe. Cela durera tant que la fête de la victoire du 9 mai ne sera pas remplacée par une gay-pride.
Bien sûr, l’invasion de l’Ukraine est une faute lourde de Poutine, mais cela n’autorise pas tout en réponse.  Alors, de grâce que l’Occident et ses pseudo-valeurs qu’il prétend imposer au monde entier, à coup de bombardement si nécessaire comme en Serbie, en Irak, au Yémen et ailleurs, cesse de nous rebattre les oreilles avec sa propagande au nom du Bien.
Partager cet article:

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.