La grande arnaque de la dette publique

Partager cet article:
Print Friendly, PDF & Email

Loading

Billet invité de l’œil de Brutus.

Ce graphique (élaboré par André-Jacques Holbecq) s’en passerait presque de commentaires.

Si l’Etat empruntait auprès de sa Banque Centrale, notre endettement public serait simplement de l’ordre de 30% par rapport au PIB. Où est passée la différence ? Ce sont tout simplement de l’ordre de 1400 milliards d’euros d’intérêts versés aux banques (qui elles empruntent à taux quasi nul à la banque centrale européenne) et aux rentiers (pas les petits, bien sûr). Le système actuel de la dette publique est donc un terrible artifice anti-redistributif qui conduit le citoyen, essentiellement classes populaires et moyennes étant donné la structure actuelle de notre fiscalité[i], à subventionner le monde de la finance !

Lorsque l’on évoque la monétisation de la dette publique, les idéologues néolibéraux rétorquent, bien évidemment, qu’on ne pourrait laisser un tel chèque en blanc aux dirigeants politiques qui dès l’instant qu’ils le pourraient useraient et abuseraient de la « planche à billets » pour satisfaire leurs pulsions clientélistes et nous lanceraient ainsi dans un cercle d’hyperinflation. Cet argument est rapidement balayé par trois contre-arguments très simples.

1/ L’accès de l’Etat au financement direct de sa dette par sa banque centrale est une généralité dans presque tous les pays développés. La zone euro constitue ici une exception. Le Japon des « abenomics » en use, et même en abuse, sans pour autant connaître une inflation galopante.

2/ Rien n’empêche de mettre des garde-fous. Les néolibéraux ont bien réussi à une mettre un verrou quasi-constitutionnel (la fameuse « règle d’or », d’ailleurs bien peu respectée …) à l’endettement public. Un tel dispositif est tout à fait imaginable (et probablement bien plus efficace) dans le cadre d’une monétisation de la dette publique (c’est d’ailleurs en partie le principe du fameux « shutdown » qui interdit l’Etat fédéral américain de s’endetter au-delà d’un certain point sans l’accord du Congrès). On pourrait ainsi imaginer que l’Etat ne puisse emprunter annuellement plus d’un certain ratio du PIB à la Banque de France sans avoir recours soit à un vote à la majorité des 2/3 du Parlement, soit au référendum. On peut également imaginer un dispositif plus astucieux : l’Etat emprunterait auprès de la Banque de France avec un certain taux d’intérêt (par exemple, l’inflation plus au moins modulée), puis à terme la Banque de France lui reverserait ces intérêts perçus (puisque l’Etat en est l’unique actionnaire) sous forme de dividendes. Avec un tel dispositif, dans le cadre d’une alternance, le gouvernement suivant bénéficierait en retour de la prodigalité de ses prédécesseurs. Ce serait l’effet exactement inverse du « mon successeurs paiera » que nous connaissons depuis 40 ans !

3/ Enfin, et surtout, l’argumentaire néolibéral de l’irresponsabilité financière des dirigeants politique marque un terrible mépris de la démocratie. Si des dirigeants politiques se montraient irresponsables dans la gestion de la planche à billets, espérons alors que les citoyens le leur fassent payer aux échéances électorales suivantes[ii]. Mais surtout, si les dirigeants politiques sont irresponsables dès lors que l’on leur ouvre les portes de la Banque Centrale, que diable alors leur laissons-nous la police et l’armée entre les mains ? Confions donc illico presto ces deux dernières aux auspices bienveillants d’autorités « indépendantes » !

[i] Lire également http://loeildebrutus.over-blog.com/article-pour-une-reforme-radicale-de-la-fiscalite-65357242.html

[ii] Il serait également temps d’en faire de même après 4 décennies d’incurie généralisée du PS, de l’UMP et de leurs affidés.

[amazon_image id=”B00PIWDFWA” link=”true” target=”_blank” size=”medium” ]La dette publique : état des lieux: mieux la comprendre et comment en sortir ![/amazon_image][amazon_image id=”B00IN0DTU2″ link=”true” target=”_blank” size=”medium” ]Dettes publiques: Un piège infernal[/amazon_image][amazon_image id=”B00GOW5K9E” link=”true” target=”_blank” size=”medium” ]La dette publique dans l’histoire: « Les Journées du Centre de Recherches Historiques » des 26, 27 et 28 novembre 2001[/amazon_image][spider_facebook id=”11″]

[contextly_auto_sidebar id=”Xt1Sh3Olwvw379ty4NAUGa4hkeuQN9Sh”]

Partager cet article:

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.