Dévaluer ou accepter la flexibilité (et tout ce qui va avec…)

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24 janvier 2013

Par Jacques Sapir

Les confidences de François Lenglet

Dans le journal de 20h00 le mardi 22 janvier sur France-21, François Lenglet2 s’est laissé aller aux confidences.

La première, et elle n’est pas nouvelle en réalité, consistait à dire qu’une dévaluation serait une solution à nos problèmes actuels. Mais cette confidence était « équilibrée » par la seconde. François Lenglet, droit dans ses bottes d’éditorialiste économique, nous a asséné que cette solution ne pouvait être que transitoire et que seule une cure sévère de dévaluation interne (comprendre de baisse de nos revenus) était à même de nous faire retrouver le chemin de la compétitivité. Ces confidences étaient mises en scène dans un contexte très particulier, le chantage exercé par Renault (qui sera révélé dans sa totalité le lendemain, mercredi 23), mais aussi par d’autres entreprises, sur les ouvriers pour imposer plus de « flexibilité », c’est-à-dire travailler plus pour gagner autant, voire moins. Nous y voilà donc. Le thème de la flexibilité s’invite dans l’ordre du jour des politiques.

Dans le discours de François Lenglet revient comme une scie, toute prête à se transformer en un dramatique couperet social, la description d’une Allemagne « vertueuse » opposée à des pays qui, comme la France et l’Italie, ont trop longtemps cédé à la facilité de dévaluations successives.

I. Les infortunes de la vertu. Les prospérités du vice

Arrêtons-nous sur ce point. Qu’est-ce qui définit la « vertu » en économie ? On peut répondre l’inscription dans la longue durée (plus de 10 ans) d’une trajectoire de croissance supérieure à celle d’autres économies. On peut aussi répondre la croissance de la part du secteur industriel, qui produit le plus de valeur ajoutée, dans le PIB. Or, si l’on regarde la période de l’après-guerre, celle où tant la France que l’Italie ont dévalué systématiquement, on constate que la trajectoire de croissance de ces deux pays est largement égale, voire supérieure, à celle de l’Allemagne. On a pris volontairement un indice 100 vers le milieu de la période étudiée, pour éviter les biais classiques des représentations depuis les origines en période de changements importants. Il est clair, sur les graphiques (1) et (2), que les performances de l’Allemagne sont légèrement supérieures de 1951 à 1960 (ce qui est normal quand on considère la destruction du potentiel industriel allemand), mais ces mêmes performances se dégradent nettement sur la période 1960-1973.

Graphique 1

Sources: Données historiques de l’OCDE

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