Comment les pays riches…. Note de lecture

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Voilà un livre qui doit figurer sur la table de chevet de tout républicain : ‘Comment les pays riches sont devenus riches, pourquoi les pays pauvres restent pauvres’ de l’économiste néoschumpétérien norvégien Erik Reinert, est enfin disponible en édition française, revue et annotée.

Erik Reinert, après de brillantes études en Suisse et à Harvard,  est devenu entrepreneur en Italie du Nord et a conseillé plusieurs dirigeants d’Amérique latine qui ont essayé de sortir leur pays du sous-développement. Après avoir vendu son entreprise en 1991, il revient à la recherche en économie du développement avec une interrogation : pourquoi le développement n’est-il pas égal dans tous les pays, pourquoi une même activité ne procure-telle pas le même niveau de vie au Pérou et aux Etats-Unis ?

De ses pérégrinations, Erik Reinert a accumulé une bibliothèque de plus de 40 000 ouvrages d’histoire économique entreposés dans sa maison au sud d’Oslo qui lui permet de retracer l’histoire des débats sur le développement économique depuis le XVI° siècle.

Il a rassemblé autour du courant l’Autre canon une nouvelle génération d’économistes en rupture avec l’économie mainstream, l’économie néoclassique pour laquelle le marché est premier et de nature à assurer l’équilibre général, la meilleure répartition des richesses possible, et où l’Etat ne peut avoir un rôle second. Si on laisse faire le marché et le libre-échange, le développement économique se réalisera de manière égale sur la terre entière.

L’histoire économique vient nous expliquer pourquoi il n’en est rien, ce que chacun peut constater aujourd’hui : Le premier auteur à introduire le terme « économie politique » est Antoine de Montchrestien au XVI° siècle lors de son exil en Angleterre, mais pour souligner que tout développement économique procède de la volonté et de la puissance politique, et non l’inverse ! Tous les économistes – à l’exception des physiocrates français – reprendront et développeront cette thématique, qui sera principalement le fait des économistes anglais.

Après qu’elle ait perdu la Guerre de cent ans, en 1453, l’Angleterre va comprendre que son avenir est dans l’exportation de produits manufacturés et dans l’importation des produits bruts – la laine et les produits agricoles du continent. Elle va mettre en œuvre durant trois siècles cette politique en combinant Etat fiscalo-militaire agressif et droits de douane pour protéger la naissance de l’industrie nationale. Dès 1613, la Napolitain Antonio Serra formulera la loi des rendements croissants : ceux des activités industrielles qui rendaient Venise riche alors que Naples et son arrière pays agricole restait pauvre : principe aujourd’hui oublié au nom de la théorie des avantages comparatifs qui soutient que toutes les activités économiques se valent.

Reinert a récupéré des milliers de libelles et de pamphlets du XVI° au XVIII° siècles qui reflètent l’intensité du débat intellectuel de cette époque qui n’était pas celle d’une pensée unique ! A partir de l’expérience de l’Angleterre et de la Hollande, les pays les plus avancés, l’émulation entre les auteurs et les hommes d’Etat des différentes nations est la règle : émuler ne veut pas dire copier, mais s’approprier les bons principes et les adapter au contexte de chaque pays.

Mais tout change à la fin du XVIII° siècle, l’Angleterre devenant puissance dominante, développa une stratégie de contre-émulation en promouvant le mythe du libre-échange afin d’ouvrir les frontières des pays rivaux  à son industrie désormais dominante : il était hors de question que les pays dominés suivent la même stratégie que l’Angleterre et s’industrialisent! L’Amérique, sous l’impulsion de Alexander Hamilton fera de même dès le début du XIX° siècle et suivra la même stratégie : une industrialisation sous protection douanière avec conquête agressive des marchés extérieurs, et production d’une idéologie de contre-émulation destinée uniquement à l’export, afin de convaincre les concurrents des bienfaits du libre-échange.

Le problème, comme le remarque aujourd’hui les économistes des pays émergents, notamment d’Asie du Sud-Est, est que l’Occident a fini par croire lui-même aux fables qu’il avait inventées pour amener ses concurrents à se tirer une balle dans le pied et a dévalorisé le rôle de l’Etat pour lâcher la bride aux marchés. Avec les résultats catastrophiques que l’on voit.

Bref, vous avez là en main trois siècles d’histoire économique et politique qui vous feront comprendre [amazon_textlink asin=’2268072908′ text=’comment les pays riches sont devenus riches et pourquoi les pays pauvres res tent pauvres…. ‘ template=’ProductLink’ store=’rochet1949-21′ marketplace=’FR’ link_id=’5694dec9-845a-11e8-8706-812da09aecf9′]mais pourquoi aussi il y a de fortes chances que la sitiation s’inverse.

Comment les pays riches sont devenus riches, pourquoi les pays pauvres restent pauvres Erik S. Reinert, Ed. du Rocher, 540p., 30 euros

                                              

 

 

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Une réponse pour “Comment les pays riches…. Note de lecture”

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