Mon amie et partenaire Isabelle Delannoy donne ici une présentation de l’économie symbiotique à l’occasion d’un forum organisé par La Tribune. J’ai commenté son livre qui définit cette approche. Il y a de nombreux points communs avec mon livre sur les villes intelligentes. Nous avons également des différences et des désaccords sur l’écologisme comme idéologie que je tiens comme une arme de destruction massive de l’environnement, alors que la solution prendra en compte les technologies numériques pour modéliser de nouveaux systèmes pour comprendre comment un écosystème vit des productions rejetées par un autre. Cette approche intègre aussi bien les technologies traditionnelles low-techs comme les technolgies high-techs. En tout cvas une piste à creuser et établir sur des fondements scientifiques pour la dégager des courants fondamentalistes de la deep écology qui ne sont rien moins que des escroqueries d’inspiration nihiliste vet totaltaire.
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Environnement : l’économie symbiotique est-elle la solution ?
Par Pierrick Merlet | 30/01/2020, 11:40 | 1003 mots
La Tribune réunira le 6 février, au Conseil régional de Toulouse, une poignée d’experts reconnus sur les thématiques de l’économie, de l’environnement, de la santé, de l’éthique et de la sociologie. Dans le cadre de la 1ère édition d’Une Époque Formidable, organisée par La Tribune jeudi 6 février, l’environnementaliste Isabelle Delannoy défendra lors d’une keynote sa vision pour la mise en œuvre d’une économie symbiotique. Selon l’experte, cette méthode de production doit partir du local, grâce à des politiques gouvernementales facilitatrices. D’autres intervenants, à l’image du sociologue Jean Viard, du dirigeant Christian Streiff et du philosophe Edgar Morin, viendront partager leur analyse de l’époque actuelle et la manière de préparer au mieux celle à venir.
La Tribune : vous portez depuis de nombreuses années un nouveau modèle que vous nommez l’économie symbiotique. Comment pourriez-vous définir cette vision ?
Isabelle Delannoy : C’est une économie qui régénère la fertilité du milieu dont elle dépend. Une économie qui ne régénère pas ses facteurs de production ne peut pas être durable. C’est la problématique à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui. Donc, l’économie symbiotique signifie que nous régénérons les écosystèmes par ce que nous produisons.
Cette économie montre que l’homme peut être une espèce positive pour la planète, alors qu’aujourd’hui ce n’est pas le cas. Cela nous donne une autre vision du potentiel humain. Actuellement, nous pensons que notre économie doit forcément être extractive.
La Tribune : concrètement, au quotidien, comment s’appliquerait cette économie régénératrice ?
I.D. : Elle regroupe la permaculture, l’agroécologie ou encore l’ingénierie écologique pour les villes. En appliquant la philosophie de la permaculture à l’agriculture conventionnelle, des études académiques démontrent que nous obtenons des rendements bien plus élevés, mais qu’en plus les sols ont davantage de matière organique, le carbone est absorbé et la biodiversité augmente. Pour ce qui est de l’ingénierie écologique, celle-ci est systématiquement moins chère que ses équivalents humains pour filtrer les eaux, les épurer et microclimatiser les villes. Quant à l’économie circulaire et de fonctionnalité, c’est une économie qui remplace la possession des biens d’équipement par la vente uniquement de l’usage. En prenant du recul, le constat est que toutes ces solutions existent mais qu’elles ne sont pas assemblées.
La Tribune : c’est la coordination de plusieurs efforts qui débouchera sur ce que vous surnommez l’économie symbiotique ?
I.D. : Cela débouche sur un comportement complètement nouveau de l’économie. Pourquoi ? Car aucune de ses logiques ne suffit seule. À chaque fois, elle sera rattrapée par des problèmes. Mais ensemble, elles entrent en synergies, c’est-à-dire que 1+1 ce n’est plus égal à deux mais plutôt trois, voire cinq, car cela produit d’autres effets qui font que cette économie devient extrêmement efficace, puissante et bénéfique pour les producteurs, les usagers et même les investisseurs. Ce sont des économies d’écosystèmes qui partent des territoires et qui s’inter-relient mondialement.
La Tribune : pour favoriser ces initiatives locales, quels rôles doivent avoir les politiques ? Récemment, le gouvernement français a présenté un projet de loi pour développer l’économie circulaire.
I.D. : Le gouvernement français est encore sur une logique de recyclage des déchets. Cela ne résout en rien les problèmes à terme de préservation des ressources ni même d’emplois. Le gouvernement doit apporter un cadre réglementaire et législatif qui favorise cette nouvelle économie, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Les lois et les réglementations ont tendance à se durcir.
Les administrations, les élus, les associations ont des leviers pour agir. Pour lancer la démarche, cela peut par exemple partir d’une coopérative d’énergie citoyenne. L’Allemagne est devenue pionnière des énergies renouvelables, non pas grâce aux grands groupes mais grâce à ses citoyens. Dans les années 2000, plus de 50% de sa production d’électricité renouvelable venait de plusieurs centaines de coopératives énergétiques citoyennes faites avec les collectivités, les entreprises, les agriculteurs et les habitants. Plus de 700 coopératives de la sorte ont été créées en moins de 10 ans.
La Tribune : quel a été l’élément déclencheur de cette démarche qui vous a mené à l’élaboration d’une nouvelle conception de notre économie ?
I.D. : L’élément déclencheur a été l’écriture du film Home, réalisé par Yann Arthus-Bertrand. À cet occasion, j’ai pu interroger de grands scientifiques sur le climat, la biodiversité et les océans. Tous convergés vers le fait que nous avions une dizaine d’années pour réagir en changeant radicalement de trajectoire et c’était en 2009. Nous en sommes loin aujourd’hui, mais on ressent une prise de conscience depuis 18 mois. Il y a une prise de conscience des investisseurs, des collectivités et des industriels. Désormais, il faut que la majorité des investissements aillent vers une économie régénératrice.
La Tribune : pour parvenir à orienter dans le bon sens nos investissements, ne faut-il pas que les élus écologistes modifient leur discours ?
I.D. : Les élus écologistes ne représentent qu’une petite fraction des écologistes. Mais les écologistes doivent changer de discours. Le discours tenu est toujours par rapport à l’ancien système : “il faut diminuer nos impacts, ce qui engendre une perte de confort, etc.”, c’est totalement faux ! Comment voulez-vous tomber amoureux d’une femme qui parle toujours de son ancien compagnon ?
Il faut une décroissance des matières extraites mais pas une décroissance des échanges économiques, au contraire. Pour les intensifier, ils doivent partir du niveau local. Dans une économie extractrice, il est certain que diminuer les impacts passent par une décroissance, mais dans une économie régénératrice, la croissance régénère nos écosystèmes et donc la richesse