Fin 2012, le clip de musique le plus visionné de l’histoire de YouTube, avec plus d’un milliard de vues, n’était ni américain, ni même européen, mais sud-coréen ! Après quelques mois de diffusion, le succès du tube Gangnam Style est total. Sa chorégraphie a même été esquissée par le secrétaire général de l’ONU.
À l’instar du « miracle » économique coréen, cette réussite ne doit rien au hasard. Elle est le fruit d’une stratégie portée à la fois par le secteur privé et par le gouvernement de Séoul. Si le pays était l’un des plus pauvres de la planète au lendemain de la guerre de Corée 1953, il est soixante ans plus tard la treizième puissance mondiale.« La Corée du Sud n’est plus un pays émergent« , affirme la Direction générale du Trésor français. Elle fait « aujourd’hui intégralement partie du club des pays développés« . Il n’empêche que la croissance sud-coréenne s’essouffle. Élue en décembre dernier, la nouvelle présidente conservatrice Park Geunhye, qui prendra officiellement ses fonctions en février, devra répondre à des défis tant socio-économiques que de politique étrangère.« Dragon asiatique », la Corée du Sud doit son développement économique à une politique volontariste proche du modèle japonais. « Développée par l’économiste japonais Kaname Akamatsu à la fin des années 1930, la théorie du vol d’oies sauvages est un processus de développement industriel que permet l’interaction entre un pays en développement et des pays plus avancés. […]
Cette théorie repose sur trois phases : l’importation d’un produit donné, puis sa mise en production nationale avant son exportation – y compris le cas échéant vers le pays initial » cf. CLES n°74, L’exportation high-tech,une question stratégique.La péninsule a aussi bénéficié d’une politique étatique favorisant l’essor d’industries fortes et compétitives autour des Chaebol, conglomérats d’entreprises là encore d’inspiration japonaise. C’est notamment à partir des années 1960 – qui coïncident avec l’arrivée au pouvoir du dictateur Park Chung-hye, le père de l’actuelle présidente – que la Corée du Sud commence véritablement à exporter et à s’industrialiser. La crise financière asiatique de 1997 donne un coup de frein à la croissance coréenne, mais elle permet de mieux séparer les secteurs public et privé. Le résultat est aujourd’hui impressionnant : la Corée du Sud se situe aux premiers rangs mondiaux pour l’électronique grand public, la construction automobile et navale ou encore la sidérurgie. Mais, derrière ces succès, Séoul doit faire face à une société fragilisée par des inégalités grandissantes dans un contexte de ralentissement économique mondial.Les Chaebol, piliers immuables de l’identité économique coréenne ?Après le coup d’État de 1961, le général Park Chung-hee s’appuie sur une dizaine d’entreprises pour sortir la Corée du Sud du marasme économique. C’est autour de ces Chaebol – legs de l’occupation japonaise – que Séoul entend fonder sa nouvelle économie. Leurs héritiers les plus fameux sont aujourd’hui Samsung, Hyundaï, LG ou encore SK Group. Ils font partie du paysage identitaire sud-coréen. « Servir l’entreprise, c’est servir la patrie » a longtemps été l’un des slogans internes de Samsung.
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