“Ce matin 2035 mon fils 8 ans a fait une crise et a menacé d’appeler le 119 car je refuse qu’il aille à l’école en jupe avec du vernis à ongles. Ma fille Julie 15 ans se sent «non-binaire», m’a traité de «boomer», car j’ai refusé de l’appeler «iel» et de changer son prénom à l’état civil en «Jul» pour ne pas qu’on puisse supposer son genre et car Jul est son chanteur préféré.
Je pars bosser à vélo depuis la loi Hidalgo 2026, la voiture (même électrique) est interdite dans les grandes agglomérations. 35 km tous les jours à vélo avec la chaleur de ce mois de juillet, j’arrive trempé et décoiffé mais c’est le cas de tout le monde et personne ne se regarde ni se juge car c’est passible d’une amende et d’une peine de prison selon la gravité de la remarque.
«Mon patron m’a mis un blâme car j’ai écrit un mail sans écriture inclusive et une cliente s’est plainte. La prochaine fois, c’est la porte ! Il faut que je fasse attention à ce que j’écris et à comment je l’écris. Et aussi à ce que je dis.
«Ma nouvelle collègue est en semaine «congé menstruel» mis en place en 2023 «permettant aux personnes possédant un vagin» (sans distinction de genre, pour éviter d’éventuelles stigmatisations) de rester à la maison, pour motif de règles douloureuses, une semaine par mois.
Je peux donc fermer la porte de mon bureau. En effet, après MeToo, la France a imposé l’interdiction de «portes closes» lorsque des employés de genres différents travaillent ensemble. Certaines entreprises créent même des «espaces safe», bureaux sans aucun homme hétérosexuel pour éviter tout risque d’agression sexuelle.
«Pour la pause 12h déjeuner , je n’apporte plus de viande dans mes plats car je me fais traiter de «carniste» «spéciste» ou d’arriéré par mes autres collègues devenus tous végans. Et lorsqu’au supermarché j’ose acheter un rare morceau de poulet à 45 euros le kg, je me fais toujours dévisager par les autres clients, emplis de dégoût.
«Le soir tout en grignotant mon bol d’insectes accompagnés de pousses de soja [bien plus éco-responsable que mon bifteck d’antan], je peux enfin me distraire devant un film Netflix : c’est l’histoire de Napoléon, joué par Omar Sy, et Joséphine, sa femme, jouée par une actrice mexicaine dont le nom m’échappe. La parité dans ce film est parfaitement respectée et on apprend, par ailleurs, que Napoléon était bisexuel, afro-américain et musulman. Le film a d’ailleurs obtenu 12 Oscars, battant ainsi le précédent record de 11, remporté par «Titanic», un vieux film qui racontait l’histoire grotesque d’un couple blanc hétérosexuel, voyageant dans un paquebot de luxe au début du XX siècle.
«Le film terminé, je décide de me glisser dans mon lit pour continuer ma lecture du moment «La Gloire de parent n°1». Pour les plus anciens comme moi, ce livre s’appelait «La Gloire de mon père» et faisait partie de la série ‘Souvenirs d’enfance’, de Marcel Pagnol. Je vais, d’ailleurs, bientôt attaquer «Le Château de parent n°2» qui est la suite du premier, j’ai hâte.»
Auteur inconnu