Hier soir, nous avons eu droit à un nouveau coup de théâtreaprès l’abandon de Carlo Cottarelli pour former un gouvernement suite à l’annonce par Luigi Di Maio et Matteo Salvini d’un nouvel accord pour former un gouvernement d’union, après le tollé soulevé par les déclarations du commissaire européen Allemand, Gunther Oettinger. Quelles conséquences pour l’Italie, l’euro et l’UE ?
Chant du cygne, puis reprise en main euroligarque ?
Il y a 24 heures, après la très révélatrice déclaration du commissaire européen Allemand, Gunther Oettinger : « je suis inquiet et je m’attends à ce que dans les semaines à venir les développements pour l’économie de l’Italie pourraient être si drastiques que cela pourrait être un signal possible aux électeurs de ne pas choisir des populistes de gauche et de droite », ce qui a été traduit, en langage moins diplomatique, par « les marchés vont apprendre aux Italiens à bien voter ». Devant le tollé déclenché en Italie, même Jean-Claude Juncker a dédit son commissaire, assurant que « le sort de l’Italie ne saurait dépendre des injonctions qui pourraient lui adresser les marchés financiers ».
Assez étonnant pour quelqu’un qui affirmait « qu’il n’y avait pas de choix démocratique contre les traités européens ». Mais ce recadrage montre probablement que les euroligarques se rendent bien compte que la séquence démarrée il y a quelques jours pouvait être mortel pour leur machin. Dansl’Arène Nue, le blog de Coralie Delaume, Christophe Bouillaud affirmait alors que « les prochaines élections italiennes pourraient apparaître comme un référendum sur la souveraineté nationale ». La Lega était donnée grande gagnante d’une nouvelle élection, les sondages annonçant un gain de 10 points, et donc une majorité plétorique pour l’alliance entre les deux partis anti-système Italiens…
Que penser alors du renoncement de Cottarelli et du retour de l’équipe Salvini / Di Maio ? L’UE pourrait éviter un nouveau vote encore plus hostile. La question majeure sera le choix du ministre de l’économie. Il serait légitime que le choix de Paolo Savona soit maintenu et son maintien, ou non, serait une indication fondamentale sur l’orientation de la majorité. S’il était écarté, Salvini et Di Maio prendrait le chemin pris par Tsipras, capitulant sous la pression, de nouveau souverainiste de carton pâte. S’il est maintenu au poste prévu, alors, nous sommes partis pour un bras de fer intéressant, et potentiellement terminal pour l’UE, entre Rome, Bruxelles et Berlin. La réponse ne devrait pas tarder.
Messieurs Salvini et Di Maio, l’histoire vous regarde. Si vous cédez au chantage de Mattarella et Oettinger, vous rejoindrez la cohorte de Tsipras et de ces inconséquents qui disent vouloir changer les choses mais qui reculent devant l’obstacle. Ce qui s’est passé depuis quelques jours impose le maintien de Paolo Savona. De toutes les façons, l’euro finira tôt ou tard par disparaître…