Divorce entre l’économie et le bien commun

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A.  Un divorce entre l’économie et le bien commun

« La grandeur de la Cité, c’est le bien commun »

Machiavel

D’où vient ce relatif divorce entre évolution technologique et Etat qui va marquer les deux révolutions industrielles du XVIII° au XX° siècle avec alternance de foi absolue dans les vertus du marché, puis les retrouvailles avec l’interventionnisme étatique en temps de crise dont le keynésianisme fut la dernière illustration en date?

A. 1. Les trois causes du divorce

Trois raisons à cela, semble-t-il.

a) La déification du libre-échange

Tout d’abord – c’est la conclusion de Reinert – la sous-estimation du rôle de la technologie au profit de celui du commerce, dans la lignée des conclusions de l’Enquête sur les Causes de la Richesse des Nations d’Adam Smith. Cette critique fut clairement adressée par Friedrich List à Smith. Le commerce n’a de sens que s’il permet– la remarque remonte au Roi d’Angleterre Edouard VII à son arrivée sur le trône en 1485– d’exporter des produits manufacturés contre des produits primaires, donc d’accroître le capital productif national, soit la compétitivité de la nation (Reinert, 1994). Or, Smith fait du progrès technique une conséquence de la division du travail en laquelle il voit la seule source du progrès économique (Schumpeter, Histoire de l’Analyse Economique, ci-après HAE, 1983 :266). Pour se parfaire, la division du travail nécessite l’extension du libre-échange, la production de richesses ne pouvant être limitée que par la taille du marché, d’où le soutien de Smith à la politique coloniale.

Smith passera à côté du rôle de la manufacture comme vecteur des rendements croissants et ne retiendra du mercantilisme que son aspect monétaire alors qu’il est, comme Schumpeter l’a montré, la forme la plus ancienne de la politique économique.

Smith a légué une « critique inintelligente » (HAE I : 496) du « système commercial et mercantile » laissant penser que le mercantilisme reposait sur un jeu à somme nulle entre nations (ce que l’une gagne est perdu par l’autre) –  et donc que le marchand ne peut être qu’un voleur enrichi par les monopoles qu’il a obtenu de l’Etat – que la richesse est égale à l’argent et que l’intérêt collectif n’est que la somme des intérêts des marchands.

Jamais les mercantilistes n’ont soutenu cela, souligne Schumpeter. La raison d’être du mercantilisme était la nécessité d’une politique de puissance sans laquelle, il n’y a pas de puissance économique, et au-delà, la nécessité d’acquérir des connaissances, « le salut par le savoir », comme l’écrivit Misselden en 1623 dans sa querelle avec Gérard de Malynes qui réduisait le mercantilisme à l’accumulation de facteurs de production et ne voyait pas « la différence entre un tas de pierres et de poutres et une maison » (in Reinert, 1999).

En bref, pour Schumpeter « Le fait est que La Richesse des nations ne contient pas une seule idée, principe ou méthode analytique qui fut entièrement nouvelle en 1776 » (HAE I, p. 262). L’apport de Smith est d’avoir constitué un corps de doctrine d’économie politique fondé sur le libre-échange, conçu comme une garantie pour que le commerce soit un jeu à somme non-nulle, et une importation, nuancée par son inscription dans la continuité des doctrines scolastiques du droit naturel, du laisser-faire des physiocrates français.

De fil en aiguille, après Smith se forma l’idée que l’expansion commerciale avait été une cause de la révolution industrielle anglaise. Paul Bairoch dans ses Victoires et Déboires (ci-après VD), cite les travaux de Patrick O’Brien (1981) qui montrent que si l’économie anglaise s’était trouvée empêchée de commercer avec la périphérie, les dépenses brutes annuelles d’investissement n’auraient pas diminué de plus de 7%. L’expansion commerciale anglaise du XVIII° et surtout du XIX° siècle fut une conséquence, pas une cause.

Le libre-échange allait ainsi faire son entrée au panthéon des croyances qui fondent les politiques économiques, souligne Erik Reinert (1994), basé sur le présupposé, conforté par l’économie classique et surtout néoclassique, qu’il existe un état de parfaite compétition dès lors qu’on laisse les prix se former librement. L’apport de Schumpeter allait au contraire montrer que l’économie est en situation de déséquilibre dynamique sous l’effet de l’évolution des technologies et que la compétition est imparfaite. Si elle était parfaite, démontre-t-il, le profit serait égal à zéro ! (Schumpeter, Capitalisme, Socialisme et Démocratie – ci-après CSD). Pour Schumpeter, à la différence des classiques, puis surtout des néo-classiques contemporains, toutes les activités économiques ne se valent pas, il y a des grappes (les clusters) d’activités innovantes qui se concentrent dans une branche porteuse, mettent l’économie en déséquilibre et enclenchent le processus de destruction créatrice, et le pilotage de ce processus peut conduire une nation sur la frontière technologique.

La relation entre l’Etat et la technologie est bien sûr totalement différente selon que l’on adopte l’une ou l’autre posture. Dans la première, il se contente de réguler les dysfonctionnements du marché, dans l’autre il est proactif, entrepreneur et investisseur.

b) La stratégie du retrait de l’échelle

La seconde raison est la conséquence de la première : la pratique du cynisme comme doctrine d’Etat par la puissance dominante, que ce soit par l’Angleterre au XIX° siècle puis par les États-unis au XX°, pratique qui se continue au XXI°. C’est Friedrich List qui en a le mieux résumé la quintessence

« C’est une règle de prudence vulgaire, lorsqu’on est parvenu au faîte de la grandeur, de rejeter l’échelle avec laquelle on l’a atteint, afin d’ôter aux autres le moyen d’y monter après-nous (…) Une nation qui, par ses droits protecteurs et par des restrictions maritimes, a perfectionné son industrie manufacturière et sa marine marchande au point de ne craindre la concurrence d’aucune autre, n’a pas de plus sage parti à prendre que de repousser loin d’elle ces moyens de son élévation, de prêcher aux autres peuples les avantages de la liberté du commerce » (List, 1856, p. 502).

Autrement dit, faîtes ce que je dis, surtout pas ce que je fais.


Le libre-échange est devenu une idéologie
alors qu’il ne devrait être que l’illustration d’un pragmatisme de bon aloi dans le pilotage politique de l’économie. Quand l’Angleterre détruit, en 1846, ses dernières barrières douanières par l’abolition des corn laws, puis en 1849 avec l’abrogation du Navigation Act,[1] elle est à l’apogée de sa puissance et peut se permettre d’ouvrir ses frontières pour trouver des débouchés pour ses produits industriels, d’autant plus qu’elle est, à cette date, entrée dans la phase d’ajustement entre le premier et le second cycle technologique, marquée par une baisse de la croissance de la productivité et une augmentation considérable du chômage. Elle avait déjà expérimenté l’ouverture des frontières lors du Traité de Methuen avec le Portugal (1703) octroyant l’accès des produits manufacturés anglais au Portugal moyennant le libre accès des vins portugais en Angleterre. Le bilan avait été très positif, en dépit des critiques formulées par Adam Smith dans le Livre IV de la Richesse des Nations[2].

Le libre-échange s’est toujours avéré bénéfique quand il met face à face un pays industrialisé qui est sur la frontière technologique et un pays moins industrialisé, comme le montre Paul Bairoch[3]. Mais c’est un jeu dangereux qui requiert un cadrage institutionnel : le pays développé, en même temps qu’il exporte ses produits, exporte sa technologie. Il va perdre son avantage comparatif et va voir ses termes de l’échange se dégrader. Il va donc devoir soutenir une politique d’innovation qui recrée en permanence cet avantage. C’est ce qui s’est passé pour l’Angleterre à la fin du XIX° siècle – mais qui a arrêté d’innover, d’où son déclin – c’est ce qui se passe pour les Etats-Unis aujourd’hui avec le transfert de l’industrie du logiciel vers l’Inde et la Chine. Pour sa part, le pays en développement devra avoir une politique active d’acquisition de la technologie, à peine de se voir cantonné dans les activités à faible valeur ajoutée pour lesquelles il a un avantage comparatif naturel. C’est la politique de la Chine actuellement et il est logique, dans les débats du consensus de Copenhague, de voir l’économiste chinois Justin Yifu Lin s’en montrer le plus ardent défenseur (Lomborg, 2004).

Le développement du commerce a été un résultat et non une cause de la révolution industrielle anglaise (VD I). Le libre-échange est historiquement corrélé avec une décroissance de la productivité des phases de maturité puis de déclin des cycles de conjoncture. Parvenue à maturité, une économie a besoin de nouveaux marchés pour écouler ses produits manufacturés.

Ce principe de bon sens était clairement perçu à la fin du XVIII° et au début du XIX° siècle, alors que les exportations anglaises étaient presque totalement constituées de produits manufacturés, cas unique parmi les nations européennes. Parmi les rares services que rendit la Restauration à la France, List cite ce refus par le Premier ministre Villèle de conclure un traité de libre-échange avec l’Angleterre à la demande du ministre des affaires étrangères Canning :

« Si l’Angleterre, dans l’état d’avancement de son industrie, admet la concurrence étrangère dans une plus large mesure qu’auparavant, cette politique est conforme à son intérêt bien entendu de la France (…) Quand le moment sera venu où la concurrence étrangère sera utile à l’industrie française, M. de Villèle ne manquera pas de faire son profit des exemples de M. Canning » (List, 1856)

M. Canning revint fort mécontent en Angleterre[4].

Par quel tour de passe-passe ce qui était une conséquence devint une cause présentée comme une idée philanthropique et d’intérêt général ? Dès le vivant d’Adam Smith, le Premier ministre William Pitt avait compris l’usage qu’il pouvait faire de La Richesse des Nations en donnant à ce qui ne se voulait qu’une enquête[5] la portée d’un principe universel.  Lors de la signature du Traité de commerce avec la France en 1786, dit Traité d’Eden, Pitt présenta la France et l’Angleterre comme deux partenaires égaux, l’un étant dédié à la production de vin et de produits agricoles, l’autre à ses manufactures. Nulle mention d’un des principes canoniques de la politique commerciale anglaise depuis le XVI° siècle : n’exporter que des produits manufacturés contre des produits bruts.

William Pitt déclara à Adam Smith « Nous sommes tous vos élèves maintenant ». Il avait compris la force de conviction que représentait le caractère systématique de son œuvre. Il s’appuyait sur sa dimension morale pour habiller de dimension philanthropique ce qui était la défense bien comprise et légitime des intérêts de l’Angleterre.

Mais c’est de France que vint le renfort qui allait faire du libre-échange une idéologie avec le développement des courants saint-simoniens et positivistes. Le projet saint-simonien est d’appliquer à la direction de la société les principes de la mécanique de Newton, ce qui revient à éliminer la politique pour la remplacer par le déterminisme des lois de la physique appliquées à l’économie[6]. L’empirisme des positivistes est basé sur la méthode de l’induction dont Karl Popper démontrera le caractère non scientifique (Popper, 1990). L’induction consiste à répéter les observations et à tirer des inférences logiques sans référence à aucune théorie.

Dès lors l’observation « les pays avancés sont favorables au libre-échange » devient « en adoptant le libre-échange on devient un pays avancé » et d’un principe pragmatique et contingent de politique publique, le libre-échange devient un principe scientifique, un « loi » de l’économie à valeur universelle.

Ce sont d’ailleurs les positivistes saint-simoniens qui vont se faire les propagandistes du libre-échange en Europe après que Richard Cobden eut obtenu l’abolition des corn laws en 1846. Celle-ci était effectivement une cause d’intérêt général : les corn laws maintenaient des prix élevés des grains en pleine récession au profit d’une aristocratie terrienne dont les intérêts étaient maintenant en opposition avec la nouvelle classe des industriels. Les corn laws étaient devenues très impopulaires, car elles avaient été défendues par le ministre Lord Castlereagh, ouvertement réactionnaire et affichant un mépris absolu pour les classes laborieuses. Castlereagh, face à la récession que connaît l’Angleterre au sortir des guerres napoléoniennes est l’auteur des lois de suspension de l’habeas corpus et de la liberté de la presse votées par un chambre de propriétaires terriens dont les corn laws défendaient les intérêts. Le travail d’agitation menée par Richard Cobden – un homme sincère[7] – et sa ligue anti-corn laws avait sensibilisé l’opinion. Créée en 1840, elle était devenue un mouvement politique avec des représentants au Parlement. Une récolte pourrie par la pluie en 1845 rendit le maintien des corn laws impossible.

La crise de 1845-1847 fut la dernière crise de type ancien régime, une crise frumentaire qui toucha toute l’Europe mais particulièrement l’Irlande, faisant au total un million de mort, et qui ne sera pas étrangère aux troubles politiques de 1848 (Bairoch, VD II). Cobden reçut le soutien des nationalistes irlandais avec Daniel O’Connell, l’Irlande connaissant la famine avec la crise la pomme de terre. La lutte contre les corn laws était, pour parler en termes modernes, une cause « de gauche » et les protectionnistes étaient les réactionnaires. La Ligue de Richard Cobden peut être comparée à un mouvement comme ATTAC qui ferait du libre-échange une lutte sociale ! Cobden avait également une vision politique large qui incluait une stratégie industrielle (voir citation page 207) qu’il mettra en œuvre.

Hasard de l’histoire, six mois après l’abolition de corn laws en mai 1846, Friedrich List, l’auteur du Système National d’Economie Politique qui défendait la protection pour les industries dans l’enfance, se suicide sous le double effet de la maladie et de soucis financiers, ce qui va contribuer à donner à la victoire du libre-échange une dimension symbolique.

Le libre-échange recevait ainsi ses lettres de noblesse avec un alibi social et une justification scientifique par les idées des économistes classiques, celles de Ricardo principalement, et de tout le courant saint-simonien. C’est grâce à l’appui des saint-simoniens que Richard Cobden construira son réseau de traités d’abord avec la Belgique puis surtout avec la France de Napoléon III en 1860, avec l’appui de Michel Chevalier, saint-simonien devenu conseiller d’Etat. Pour Raymond Boudon (2006), la politique de Cobden serait assimilable au « blairisme » d’aujourd’hui, Cobden étant une sorte d’Anthony Giddens avant l’heure avec sa « troisième voie » entre libéralisme et socialisme.

Le positivisme poursuivra son expansion qu’aucune force ne sembla pouvoir arrêter sur une théorie économique qui allait prétendre, et le prétend toujours, réduire la politique à l’application de ses lois (Freeman et Louça, 2001), de sorte qu’il est difficile aujourd’hui d’avoir un débat pragmatique sur le libre-échange et le rôle du commerce international.

Certains s’y emploient comme Jagdish Baghwati (2002), quand il s’attaque au double langage des Etats-Unis à l’OMC, prêchant l’ouverture pour les autres tout en pratiquant pour eux-mêmes un protectionnisme actif au nom d’une conception toute personnelle du fair trade. Ardent défenseur du libre-échange, Baghwati n’en est pas un doctrinaire et s’efforce de démontrer sous quelles conditions le libre-échange est un facteur de progrès (essentiellement par la diffusion de la technologie vers les pays en voie de développement) et sous quelles conditions il est un facteur d’appauvrissement (lorsque les prix ne reflètent pas l’ensemble des coûts sociaux et écologiques  de production).

Baghwati a développé le concept de « croissance appauvrissante » (Immiserizing growth) qui résulte de la dégradation des termes de l’échange qui va faire plus qu’effacer les gains de la croissance. Il y a alors une distorsion du marché qui est due à la position monopolistique de la puissance dominante.

C’est ce qui se produisit au XIX° siècle : la politique le libre-échange de l’Angleterre dégrada ses termes de l’échange tout en contribuant au transfert de technologies vers les pays en voie de rattrapage, les Etats-Unis et l’Allemagne, d’où le retour à une politique de protection sous l’impulsion de Joseph Chamberlain qui monta, à la manière de Richard Cobden, la Ligue pour le fair trade, avec des objectifs strictement inverses. Pratiquement, il ne peut y avoir de libre-échange que s’il y a une action volontaire des Etats pour l’organiser et en définir les bénéfices mutuels. Ces politiques doivent être examinées au cas par cas, secteur par secteur. La position de Baghwati est que le libre-échange accroît, dans l’absolu, les possibilités de croissance par rapport à l’autarcie, mais n’est en aucun cas une martingale.

Le « dogmatisme libéral » – l’expression est de Schumpeter – qui s’est installé au XIX° siècle permet toutes les manipulations et les discours biaisés, de semer la confusion dans les opinions publiques et d’interdire tout débat public raisonné sur ce sujet.

c) Une économie politique sans politique

(…….) Vers le livre

 


[1] Promulgué le 9 octobre 1651 par le gouvernement de Cromwell, l’Acte de navigation interdit l’entrée des ports anglais à tous les vaisseaux chargés de marchandises qui ne seraient pas un produit du sol ou du travail national du peuple dont le navire porterait le pavillon. Cette loi, qui vise à assurer l’hégémonie maritime de l’Angleterre, est dirigée contre la concurrence de la Hollande; elle est restée en vigueur jusqu’au 1er janvier 1850.
[2] L’argument de Smith, dans ce livre consacré à la critique de la conception qu’il se faisait du mercantilisme, était que le Portugal importait tellement d’or du nouveau monde, beaucoup plus qu’il n’en pouvait utiliser, la Grande-Bretagne le récupérerait d’une manière ou d’une autre sans consentir d’avantages commerciaux. Il avait sans doute raison sur ce point si l’on se réfère aux chiffres de Paul Bairoch.
[3] Paul Bairoch montre que les périodes de libre-échange au XIX° siècle correspondent aux périodes de fin de cycle où la croissance de la productivité se ralentit. Il illustre ainsi l’argument de List « Les essais de quelques nations qui ont appliqué chez elles la liberté du commerce en présence d’une nation prépondérante par l’industrie, par la richesse et par la puissance, ainsi que par un système commercial restreint, par exemple ceux du Portugal en 1703, de la France en 1786, des Etats-Unis en 1786 et en 1806, de la Russie de 1815 à 1821, et de l’Allemagne durant des siècles, nous montrent qu’on ne fait ainsi que sacrifier la prospérité d’un pays, sans profit pour le genre humain en général, et pour le seul avantage de la puissance qui tient le sceptre des manufactures et du commerce » List, F. 1856 : 228.
[4] Le jugement que porte Friedrich List sur le libéralisme de M. Canning vaut d’être cité : « La vérité est que Canning est un Anglais dans toute la force du terme, et qu’il n’admettait les idées philanthropiques et cosmopolites qu’autant qu’elles pouvaient lui servir à affermir et à étendre la suprématie industrielle et commerciale de l’Angleterre ou à fasciner les nations rivales » (List, 1856 : 509)
[5] Il faut avoir ici en tête le titre anglais de l’ouvrage de Smith « Enquiry… » est souvent traduit par « recherche » qui suppose la production d’une doctrine. A. Smith entendait seulement rendre compte de sa compréhension des causes de la richesse des nations, et pas de définir une doctrine universelle.
[6] Saint-Simon envisagea même de faire administrer le monde par un Conseil de Newton, composé de savants « Je crois que toutes les classes de la société se trouveraient bien dans cette organisation : le pouvoir spirituel entre les mains des savants ; le pouvoir temporel entre les mains des propriétaires ; le pouvoir de nommer ceux appelés à remplir les fonctions de grands chefs de l’humanité, entre les mains de tout le monde ; pour salaire aux gouvernants, la considération.(…). J’ai entendu ces paroles : Que l’humanité travaille à se perfectionner dans la connaissance du bien et du mal, et j’améliorerai son sort; un jour viendra que je ferai de la terre un paradis.(…) La réunion des vingt-et-un élus de l’humanité prendra le nom de conseil de Newton ; le conseil de Newton me représentera sur la terre ; il partagera l’humanité en quatre divisions, qui s’appelleront Anglaise, Française, Allemande, Italienne ; chacune de ces divisions aura un conseil composé de même que le conseil en chef. Tout homme, quelque partie du globe qu’il habite, s’attachera à une de ces divisions et souscrira pour le conseil en chef et pour celui de la division. » Lettres d’un habitant de Genève à ses contemporains (1803)

[7] On lira avec intérêt le livre de John Morley, The Life of Richard Cobden, 2 Vols. London: Chapman and Hall, 1881. Plusieurs fac-similes disponibles sur l’Internet.

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